Arthur Cerf

“Un fusil de chasse est appuyé contre le Chevrolet Suburban, dont les warnings clignotent. Alex dit qu’il est allé chercher une arme pour se protéger, au cas où. Sa voix est hystérique. Il marche, croise les bras, se penche en avant, met les mains sur les cuisses, ne tient pas en place. Qui le pourrait ? Il a pris le pouls des victimes, dit-il. Cela s’annonce mal.

« C’est une longue histoire, ajoute-t-il ensuite, sans qu’on lui pose la moindre question. Mon fils a été impliqué dans un accident de bateau, il y a quelques mois ; il a reçu des menaces. »

Quelques secondes passent, puis il demande si c’est officiel, si sa femme et son fils sont morts. « Ils en ont l’air », répond le sergent d’un ton impersonnel, presque surpris d’avoir à préciser ce qui semble relever de l’évidence. Alex Murdaugh grimace, commence à s’effondrer, se redresse. Il souffle, renifle, se racle la gorge plusieurs fois, s’essuie le visage avec son T-shirt. « Désolé, dit-il, comme s’il essayait de se ressaisir. Vraiment désolé. » Un second policier passe dans son champ de vision et, comme un réflexe aimable, Alex Murdaugh pose la question la plus normale qui soit : « Comment ça va ? »”
― Arthur Cerf, Les meurtres du Lowcountry (Polar)