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“Doit-on s’infliger à ce point de sortir d’une vie ? Doit on autant fuir pour chercher ailleurs un moyen de panser ses blessures, de souffler, s’introspecter ? N’y avait-il aucune autre voie possible au delà de cette absence terrible qui lui tordait le ventre de douleur, aucun autre chemin que de voir soudainement disparaître de son existence cette présence qui l’avait accompagné le temps d’une balade qu’ils avaient effectuée à deux ? Si l’absence semblait le seul remède, force lui était de constater qu’elle ne laissait dans on esprit qu’un goût amer qui lui écorchait les lèvres. Et son image dansait dans sa tête, le torturant à chaque instant, amenant des larmes dans le creux de ses yeux, ce visage vers lequel il voulait tendre les doigts, qu’il voulait caresser, alors qu’il devait s’obliger à ne pas bouger et à rester interdit. Au delà des mots, c’était bien cette absence totale qui lui était la pire des tortures. Il aurait voulu tendre les bras, enserrer ce corps tant aimé, oublier un instant cette douleur sourde qui grondait en son coeur, fermer les yeux et revenir à ces quelques moments de pur bonheur qu’il avait pu ressentir alors que leurs deux corps étaient enlacés, si proches l’un de l’autre, dans une communion qui allait au delà des mots. A ce moment même avant les mots, avant ces phrases blessantes, avant sa décision. Mais il devait se résoudre à laisser partir ce visage tant aimé, à le voir se fondre dans cet océan inconnu du temps qui, disait-on, était capable de tout soigner. Et pourtant chaque jour l’absence le mordait, plus durement que l’eau salée sur une blessure, plus cruellement que la mort.


La mort c’était savoir qu’il n’y avait pas d’espoir de se revoir, aucun espoir de se croiser, l’absence au contraire était ô combien plus cruelle. L’absence c’était savoir l’autre proche, c’était savoir qu’il continuait sa vie loin de soi, que vos chemins se séparaient désormais et adoptaient une trajectoire différente. C’était savoir que l’autre deviendrait peu à peu un inconnu, une ombre du passé. C’était risquer de se recroiser et de voir ces plaies se rouvrir sans que rien jamais ne puisse les soigner. Oui, décidément l’absence était bien pire que tout.”

Simon Vandereecken, Temps volés
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