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Nicolas Mathieu Nicolas Mathieu > Quotes

 

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“Like fifty million other losers, Anthony was caught up in the game, his misfortune temporarily at bay, his yearning merging with the great national aspiration. From stock traders to kids in Bobigny to Patrick Bruel and José Bové, everyone was on the same page, and it didn't matter whether you were in Paris or Heillange. From the top to the bottom of the pay scale, from the boonies to La Défense, the country was cheering in unison. Basically, the thing was simple. Just do like they do in America: think your country is the best in the world and revel in that forever.”
Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux
“Steph se rendait compte qu’elle avait eu beaucoup de chance jusqu’à présent. Elle était née au bon endroit, à une période plutôt clémente de l’histoire du monde. De toute sa vie, elle n’avait eu à craindre ni la faim ni le froid, pas la moindre violence. Elle avait fait partie des groupes souhaitables (famille bien lotie, potes à la coule, élèves sans difficultés majeures, meufs assez bonasses) et les jours s’étaient succédé avec leur lot de servitudes minimes et de plaisirs réitérés. Aussi avait-elle toujours envisagé l’avenir avec une sorte de bonhomme indifférence. Et voilà qu’une fois à découvert, loin d’Heillange, elle se retrouvait totalement inapte, impréparée, avec pour tout bagage quelques idées naïves venues de l’école primaire, de l’orgueil et la carapace trop fine d’une enfant gâtée.”
Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux
“longs cheveux, un trésor depuis l’enfance ? Hélène en était pleine de ce temps compté, de ces bouts de quotidien qui composaient le casse-tête de sa vie. Par moments, elle repensait à son adolescence, les flemmes autorisées d’à quinze ans, les indolences du dimanche, et plus tard les lendemains de cuite à glander. Cette période engloutie qui avait tellement duré et semblait rétrospectivement si brève. Sa mère l’enguirlandait alors parce qu’elle passait des heures à s’étirer dans son lit au lieu de profiter du soleil dehors. À présent, le réveil sonnait à six heures tous les jours de la semaine et le week-end, tel un automate, elle se réveillait à six heures quand même.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“Dans sa filière, toutes les matières comptaient, même la philo. La République de Platon, sérieux ? Mais qui étaient les instigateurs de ces programmes lunaires ? Dans un pays ravagé par le chômage, le socialisme et la concurrence asiatique, on attendait donc des jeunes générations qu’elles s’intéressent à cet enculage de mouches antique ?”
Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux
“Ailleurs, on le pressait d'être un homme, bientôt un père, d'être ponctuel et de remplir ses objectifs. Toute la journée, il se sentait comme un outil, une chose à faire fonctionner. Et ce joug, il ne pouvait ni le nommer ni s'y soustraire. Mais une chose était sûre : c'était l'inverse de la jeunesse. Au moins au bistrot, il n'existait pas de feuille de route. La machine pour une heure suspendait sa marche. On lui foutait la paix.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“Et chaque jour, il attisait son ressentiment devant les débats des chaînes d'info où se confirmaient ses intuitions et le progrès continu de ses idées. Tout cela composait une vie chiche de plaisirs, aux relents aigres, qui tirait en longueur et à laquelle il tenait pourtant.
Car, il y avait le gosse.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“A l’arrière dans leurs parkas, les mêmes profils d'employés écoutant les nouvelles à la radio, le regard perdu ou un doigt dans le nez, tous enchâssés loin dans cette lassitude des jours ouvrés, chacun dans sa bulle, captif des mêmes transhumances qui conduisaient des zones pavillonnaires jusqu'aux écoles,”
Nicolas Mathieu, Connemara
“Hélène voit le truc venir. Son père la prend par les sentiments, classique. Mais il est trop tard. Elle a déjà pénétré dans cet âge cruel où le nombril est maître, la souffrance des autres purement fictives.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“Mais il faut le voir à table comme il la regarde quand elle brille, ses yeux d'animal subjugué. D'où vient-elle donc cette créature ?
Pr les mots dans sa bouche, ces idées qui lui passent par la cervelle, son insatisfaction tout le temps, son intraitable enthousiasme, ce désir d'aller voir ailleurs, de marquer les distances, cet élan qui frise l'injure parfois? Ou va-t-elle chercher tout ça ?
Alors, quand leur fille a besoin de sous pour un voyage de classe ou acheter des livres, Mireille et Jean ne rechignent pas. Ils raquent. Ils font ce qu'il faut. C'est leur terrible métier de parents, donner à cette gamine les moyens de son évasion.

On a si peu de raison de se réjouir dans ces endroits qui n’ont ni la mère ni la Tour Eiffel, ou dieu est mort comme partout où la soirée s’achèvent à 20 heures en semaine et dans les talus le week-end


Car elle et Jeannot savent qu'ils ne peuvent plus grand-chose pour elle. Ils font comme si, mais ils ne sont plus en mesure de faire des choix à sa place. Ils en sont réduits ça, faire confiance, croiser les doigts, espérer quils l'ont élevée comme il faut et que ça suffira.
L'adolescence est un assassinat prémédité de longue date et le cadavre de leur famille telle qu'elle fut git déjà sur le bord du chemin. Il faut désormais réinventer des rôles, admettre des distances nouvelles, composer avec les monstruosités et les ruades. Le corps est encore chaud. Il tressaille. Mais ce qui existait, l'enfance et ses tendresses évidentes, le règne indiscuté des adultes et la gamine pile au centre, le cocon et la ouate, les vacances à La Grande-Motte et les dimanches entre soi, tout cela vient de crever. On n'y reviendra plus.


Et puis il aimait bien aller à l'hôtel, dont elle réglait toujours la note. Il appréciait la simplicité des surfaces, le souci ergonome partout, la distance minime entre le lit et la douche, l'extrême propreté des serviettes de bain, le sol neutre et le téléviseur suspendu, les gobelets sous plastique, le cliquetis précis de l'huisserie quand la porte se refermait lourdement sur eux, le code wifi précisé sur un petit carton à côté de la bouilloire, tout ce confort limité mais invariable. À ses yeux, ces chambres interchangeables n'avaient rien d'anonyme. Il y retrouvait au contraire un territoire ami,


elle se disait ouais, les mecs de son espèce n'ont pas de répit, soumis au travail, paumés dans leurs familles recomposées, sans même assez de thune pour se faire plaisir, devenus les cons du monde entier, avec leur goût du foot, des grosses bagnoles et des gros culs. Après des siècles de règne relatif, ces pauvres types semblaient bien gênés aux entournures tout à coup dans ce monde qu'ils avaient jadis cru taillé à leur mesure.
Leur nombre ne faisait rien à l'affaire. Ils se sentaient acculés, passés de mode, foncièrement inadéquats, insultés par l'époque. Des hommes élevés comme des hommes, basiques et fêlés, une survivance au fond.

Toute la journée il dirigeait 20 personnes, gérait des centaines de milliers d'euros, alors quand il fallait rentrer à la maison et demander cent fois à Mouche de ranger ses chaussettes, il se sentait un peu sous employé. Effectivement.

Ils burent un pinot noir d'Alsace qui les dérida et, dans la chaleur temporaire d'une veille d'enterrement, se retrouvèrent.
- T'aurais pu venir plus tôt, dit Gérard, après avoir mis les assiettes dans le lave-vaisselle.
Julien, qui avait un peu trop bu, se contenta d'un mouvement vague, sa tête dodelinant d'une épaule à l'autre.
C'était une concession bien suffisante et le père ne poussa pas plus loin son avantage.

Pour motiver son petit frère, Julien a l'idée d'un entraînement spécial, qui débute par un lavage de cerveau en règle. Au programme, Rocky, Les Chariots de feu, Karaté Kid, et La Castagne, tout y passe. À chaque fois, c'est plus ou moins la même chose : des acteurs torse nu et des séquences d'entraînement qui transforment de parfaits losers en machines à gagner.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“On menait ainsi des existences à cheval, travaillant d’un côté, vivant de l’autre. Et sous l’effet de cette perfusion transfrontalière, des territoires moribonds revenaient à la vie, une école était sauvée, un boulanger s’installait au pied d’une église zombie, des maisons champignonnaient soudain en pleine campagne. Tout un monde sourdait de terre, comme par magie. Et chaque matin, tous les soirs, des processions de travailleurs migrants aux yeux cernés bondaient les trains, s’agglutinaient sur les routes, allaient chercher plus loin les moyens de leur subsistance. L’économie, souterrainement, avait trouvé les nouvelles voies de son développement.”
Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux
“Il était passé la voir le lendemain et avait bu une bière sans même s'asseoir, pire que froid, un étranger. Jenn avait compris. Elle était de toute façon de ces femmes qui doivent toujours comprendre, les colères et les lâchetés, se trimballer les gosses et torcher les vieux, être toujours moins bien payée et dire amen. De mère en mère, c'était comme ça.

- Mais toi, t'as envie de quoi ? avait tout de même demandé Greg.
- Je sais pas.
Ce qui signifiait à l'évidence qu'elle envisageait moyennement de se débarrasser de l'avenir qui lui poussait dans le ventre.
Le père de Bilal s'était cassé depuis longtemps et elle en avait bavé pour refaire sa vie, entre ses journées à rallonge et son gosse qui n'était pas si facile. Elle avait tenu bon, farouche et souriante, sans jamais renoncer toutefois à la possibilité d'une vie à deux, la seule envisageable à ses yeux. Dans ce domaine, elle n'avait pas tellement de prétentions d'ailleurs, et sur l'amour, plus guère d'illusions. Il n'était plus question pour elle de coup de foudre ni de passion pied au plancher, le cœur à cent à l'heure et les mains moites. Là-dessus, Hollywood et la collection Harlequin pouvaient aller se faire mettre.
À trente-deux ans, Jennifer ne se racontait plus d'histoire.
Elle avait eu dans sa vie des gentils garçons et des intérimaires fumeurs de pet', des allumés de la console, des brutaux ou des zombies comme le père de Bilal qui pouvait passer des heures devant la télé sans dire un mot.
Elle avait eu des mecs qui la baisaient vite et mal à deux heures du mat sur le parking d'un quelconque Papagayo.
Elle avait été amoureuse et trompée. Elle avait trompé et s'en était voulu. Elle avait passé des heures à chialer comme une conne dans son oreiller pour des menteurs ou des jaloux. Elle avait eu quinze ans, et comme n'importe qui, sa dose de lettes et de flirts hésitants. On lui avait tenu la main, on l'avait emmenée au ciné. On lui avait dit je t'aime, je veux ton cul, par texto et à mi-voix dans l'intimité d'une chambre à coucher. À présent, Jenn était grande. Elle savait à quoi s'en tenir. L'amour n'était pas cette symphonie qu'on vous serinait partout, publicitaire et enchantée.
L'amour c'étaient des listes de courses sur le frigo, une pantoufle sous un lit, un rasoir rose et l'autre bleu dans la salle de bains. Des cartables ouverts et des jouets qui trainent, une belle-mère qu'on emmène chez le pédicure pendant que l'autre va porter de vieux meubles à la déchetterie, et tard le soir, dans le noir, deux voix qui se réchauffent, on les entend à peine, qui disent des choses simples et sans relief, il n'y a plus de pain pour le petit-déjeuner, tu sais j'ai peur quand t'es pas là. Mais justement, je suis là.
Jenn n'aurait pas su le dire avec des mots, mais tout cela, elle le savait de source sûre.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“Hélène les a détestés pour ce scepticisme de gagne-petit, leur philosophie d'éternels baisés qui mue la modestie en vertu, le larbinat en sagesse, l'ambition en arrogance. Hélène, elle, veut tout ! Mais ces facilités les inquiètent. Ils sont pris dans cette tenaille des parents qui encouragent leurs gosses et sentent bien que chaque pas accompli les laisse un peu plus loin derrière. Sur le quai de la gare, ils voient le train rapetisser au loin, et prendre de la vitesse. Parfois, c'est plus fort qu'elle, Mireille a envie de mettre un coup d'arrêt à cette épouvantable accélération. Quand Hélène étale sa science, les reprend sur la prononciation d'un mot […] sans parler de l'anglais, la gosse se foutant carrément de leur gueule quand ils s'aventurent à prononcer Dirty Dancing ou Star Wars), quand elle leur coupe la parole, fait sa maligne en citant Jean-Paul Sartre à table ou qu'elle lit Virginia Woolf dans le salon, la mère s'emporte. Pour qui tu te prends ? Tu crois que les gens vraiment intelligents méprisent leurs parents?
Hélène assure que ça n'a rien à voir. Elle aime simplement la vérité, l'exactitude, se cultiver et elle a bien le droit de s'exprimer. Mais l'adolescente se défend mal.
À chaque fois qu'elle crache sa supériorité au visage des siens, le bas de son visage a quelque chose d'odieux, le menton piqué, la bouche dédaigneuse. Ces épisodes finissent souvent par des larmes, la porte de sa chambre qui claque. Trahir est une vilaine besogne.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“She thinks about love the same way she thinks about a driver’s license: everyone does it, but she is somehow persuaded that she won’t be able to. She’ll never manage to change gear, look right and left, check the mirror, she’s too clumsy, too daydreamy, her mother is always telling her for God’s sake look where you’re going. Every time she washes the dishes, she breaks a plate. She can’t help it—she’s in her own little world.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“But being a minor has this ambiguous virtue: it protects you, but when it ends, you're suddenly tossed into a world whose ferocity you hadn't suspected. From one day to the next, the reality of your acts is shoved in your face, you don't get second chances, and people are fed up with you.”
Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux
“It’s a nightmare, this kind of thing.” Shoulder to shoulder, they spent a while laughing at those ridiculous faces, the surprising transformations, the stories that people told, the whole drama of lives spread over social networks.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“Then they would sleep the sleep of the just, a whole happy generation of proles who had finally gotten lucky and who thought that this moment was just how things were now, that there would be work and progress in perpetuity.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“Oh yeah! I got sucked into this one day at the office. Wasted a whole afternoon on it. It’s a nightmare, this kind of thing.” Shoulder to shoulder, they spent a while laughing at those ridiculous faces, the surprising transformations, the stories that people told, the whole drama of lives spread over social networks.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“Alors voilà. On faisait des mômes, ils chopaient la rougeole, et tombaient de vélo, avaient les genoux au mercurochrome et récitaient des fables et puis ce corps de sumo miniature qu'on avait baigné dans un lavabo venait à disparaître, l'innocence était si tôt passée, et on n'en avait même pas profité tant que ça. Il restait heureusement des photos, cet air surpris de l'autre côté du temps, et un Babyphone au fond d'un tiroir qu'on ne pouvait se résoudre à jeter. Des jours sans lui, des jours avec, l'amour en courant discontinu. Mais le pire était encore à venir.
Car il arrivait cela, qu'une petite brute à laquelle vous supposiez des excuses socioéconomiques et des parents à la main leste s'en prenait à votre gamin. La violence venait d'entrer dans sa vie et on se demandait comment s'y prendre. Car après tout, c'était le jeu. Lui aussi devait apprendre à se défendre. C'était en somme le début d'une longue guerre. On cherchait des solutions, lui enseigner l'art de foutre des coups de pied et prendre rendez-vous avec la maîtresse, pour finalement en arriver là : avoir tout simplement envie de casser la gueule à un enfant dont on ne savait rien sinon qu'il était en CE1 et portait des baskets rouges.

[...]

Certains dimanches soirs, quand Christophe le laissait devant chez sa mère, et le regardait traverser la rue avec son gros sac sur le dos, il pouvait presque sentir l'accélération jusque dans ses os. En un rien de temps, il aurait dix, douze, seize ans, deviendrait un petit con, un ado, il n'écouterait plus les conseils et ne penserait plus qu'à ses potes, il serait amoureux, il en baverait parce que l'école, les notes, le stress déjà, il le tannerait pour avoir un sac Eastpak, une doudoune qui coûte un bras, un putain de scooter pour se tuer, il fumerait des pet, roulerait des pelles, apprendrait le goût des clopes, de la bière et du whisky, se ferait emmerder par des plus costauds, trouverait d'autres gens pour l'écouter et lui prendre la main, il voudrait découcher, passer des vacances sans ses parents, leur demanderait toujours plus de thune et les verrait de moins en moins. Il faudrait aller le chercher au commissariat ou payer ses amendes, lire dans un carnet de correspondance le portrait d'un total étranger, créature capable de peloter des filles ou d'injurier un CPE, à moins qu'il ne soit effacé, souffre-douleur, totalement transparent, on ne savait quelle calamité craindre le plus.

Un jour, avec un peu de chance, à l'occasion d'un trajet en bagnole ou dans une cuisine tard le soir, cet enfant lui raconterait un peu de sa vie. Christophe découvrirait alors qu'il ne le connaissait plus. Qu'il avait fait son chemin et qu'il était désormais plus fort que lui, qu'il comprenait mieux les objets et les usages, et il se moquerait gentiment de l'inadéquation de son père avec l'époque. Christophe découvrirait que le petit le débordait maintenant de toute part et ce serait bien la meilleure nouvelle du monde. Simplement, il n'aurait rien vu passer. Gabriel aurait grandi à demi sans lui. Ce temps serait définitivement perdu.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“Il était là, dix kilos envolés, à jeun, déplumé et noueux. Les crocs limés. Que restait-il de lui ? La cendre, une force qui irait en s'amenuisant. Et des regrets pour finir. La maison avait été liquidée en un rien de temps. Les efforts du couple, vingt ans de sacrifices et de fins de mois acrobatiques, envolés. Le mobilier, les bibelots, les vêtements qu'il avait fallu jeter. En plus, il avait fallu vendre vite, pour trois fois rien, et c'est la banque qui avait finalement emporté le blé pour finir d'éponger les dettes.
Au moment du partage, le père en était presque venu aux mains. Au fond, il n'avait pas tellement d'amis, pas vraiment de boulot et il découvrait sur le tard que la maison n'était même pas à lui et que toutes ces idées qu'il s'était faites étaient plus ou moins de la connerie. Il avait cru qu'il ramenait la paie, que c'était chez lui, que c'était sa femme, sa baraque, son gosse. Le notaire avait nettoyé ces idées préconçues au bulldozer. Et deux ans plus tard, le père raquait encore pour les honoraires de cet avocat qui n'avait rien branlé, à part lui expliquer qu'il avait tort, que c'était la loi qui décidait. Dans ce monde de paperasse et de juristes, il n'y avait plus d'hommes. Que des arrangements.”
Nicolas Mathieu (author)
“La colère venait dès le réveil. Il lui suffisait pour se mettre en rogne de penser à ce qui l'attendait, toutes ces tâches à accomplir, tout ce temps qui lui ferait défaut". Incipit, à propos de l'héroïne du roman, Hélène. Connemara”
Nicolas Mathieu, Connemara
“Tu te rends compte le pauvre type, fit Patrick en reprenant sa place. Il a bossé comme une bête et voilà le résultat. Invalide à je sais pas combien de pourcent, une retraite de misère. Et ses gosses qui lui chient dans les bottes.”
Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux
“Enfin la voix de Sardou, et ces paroles qui faisaient semblant de parler d'ailleurs, mais ici, chacun savait à quoi s'en tenir. Parce que la terre, les lacs, les rivières, ça n'était que des images, du folklore. Cette chanson n'avait rien à voir avec l'Irlande. Elle parlait d'autre chose, d'une épopée moyenne, la leur, et qui ne s'était pas produite dans la lande ou ce genre de conneries, mais là, dans les campagnes et les pavillons, à petits pas, dans la peine des jours invariables, à l'usine puis au bureau, désormais dans les entrepôts et les chaînes logistiques, les hôpitaux et à torcher le cul des vieux, cette vie avec ses équilibres désespérants, des lundis à n'en plus finir et quelquefois la plage, baisser la tête et une augmentation quand ça voulait, quarante ans de boulot et plus, pour finir à biner son minuscule bout de jardin, regarder un cerisier en fleur au printemps, se savoir chez soi, et puis la grande qui passait le dimanche en Megane, le siège bébé à l'arrière, un enfant qui rassure tout le monde : finalement, ça valait le coup. Tout ça, on le savait d'instinct, aux premières notes, parce qu'on l'avait entendue mille fois cette chanson, au transistor, dans sa voiture, à la télé, grandiloquente et manifeste, qui vous prenait aux tripes et rendait fier.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“Around her there was nothing now but the glistening ground, rain hammering onto car hoods and rooftops, the clean smell of the air and, above it all, the invisible sky.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“And over there at the back, near the parking lot, a woman with attractive, regular features and yellow skin, having dinner with a man Hélène could see only from behind. She began to stare at this woman, fascinated by the nonstop flood of words that was bursting from between her lips, admiring her combative expression, and surprised by the way the man seemed to be simply taking it all. She was curious: What was going on between them? What was the cause of this simmering public storm? How much of it was love and how much rage?”
Nicolas Mathieu, Connemara
“Marco avait pris Christophe dans ses bras pour le féliciter. Il était pas loin le chialer ce con la. Le bonheur était passé en douce. Il faudrait revoir les photos pour se rendre compte.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“У цій долині люди стали багатими та збудували високі будинки, що в кожному селі, ніби насміхалися над сучасністю. Їхніх дітей пожирали вовки, війни, фабрики, тепер тут були Антоні зі Стеф, аби засвідчити всі збитки. Під їхньою шкірою — недоторканий трем. Так само, під поверхнею згаслого міста продовжувалася підпільна невидима історія, що вимагала обрати свій табір, зробити вибір, рухатися, вступити в битву.”
Nicolas Mathieu, The Children Who Came After Them
“Tout son corps, débordant, plein, avait l'air d'un decolleté.”
Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux
“Anthony stood on the shore and stared.”
Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux
“... autour de cette place banale, avec son PMU, sa boulangerie, son agence immobilière, et non loin de l'église toujours vide, un monde jouissait pleinement de son sursis. Et en ce beau dimanche de mai qui tirait vers le soir, le temps était si bon, la vie si patiente qu'il était presque impossible de deviner l'immense accumulation de gaz qui ronflait dans les caves de cet univers inquiet de sa fin.”
Nicolas Mathieu, Connemara
“He claimed he was the assistant communications director, but rumor had it he was actually just the communications director’s assistant. In any case, he had graduated from Sciences Po. Everyone knew this because he generally reminded them every ten minutes.”
Nicolas Mathieu, Connemara

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