Lionel Davoust's Blog

August 13, 2025

Écrire en musique : Stellarium

Qu’elle est compliquée, la quête d’un fond musical pour écrire ! Okay, qu’elle est rigolote aussi, tandis qu’on ajuste ses humeurs et ses ambiances avec le fond qu’on met (ou pas, selon la disponibilité mentale du moment). Mais il faut un équilibre subtil : suffisamment évolutif et progressif pour ne pas s’endormir, mais pas trop non plus pour ne pas envahir l’attention.

Le gagnant du moment est Stellarium (du label Exosphere, qui m’a été recommandé en commentaires ici, je crois – merci beaucoup) : de l’ambient qui n’est ni vraiment gaie, ni vraiment dark – évoquant simplement les immensités de l’univers, qu’on verrait bien accompagner une session de Eve Online, X, Star Citizen ou Stellaris. L’album Pillars of Light, par exemple, transcrit bien les lentes évolutions nébulaires (sans la chaîne) ; les sept minutes du morceau d’ouverture, Protoplanetary Disk, nous invitent effectivement à contempler de très, très loin les rythmes ultragéologiques de l’univers. Trois albums seulement, avec des atmosphères assez distinctes, mais tout le label associé offre une douzaine de noms supplémentaires pour des heures d’exploration.

 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on August 13, 2025 01:30

August 11, 2025

Quand soudain, je m’aperçois que j’ai deux appareils photo

L’adage dit que le meilleur appareil photo, c’est celui dont on se sert. Évidemment, c’est notre téléphone ; la machine à selfies et à photos souvenir qui sert davantage à fixer la mémoire qu’à faire de la création pour la plupart d’entre nous. Les appareils dédiés se font de plus en plus rares dans la nature, mais je conserve pour l’animalier un gros machin avec un zoom apte à me faire arrêter au contrôle de sécurité des aéroports : impossible d’attraper ça avec un iPhone, lol :

Keen wallaby Cliquez pour agrandir

J’étais longtemps sur un Canon 7D, je suis maintenant passé sur un R7. Je conserve spécifiquement cette gamme au lieu de passer sur du plein format : mon usage principal étant l’animalier, le « crop factor » des plus petits capteurs augmente artificiellement la puissance des téléobjectifs (mon 400 mm, par exemple, est un équivalent 640). C’est pourquoi cette gamme reste au catalogue des fabricants depuis toujours, et pourquoi c’est le boîtier favori des photographes d’animaux et de sportifs (qui, au sens biologique, sont des animaux aussi).

Sauf que, on le sait aussi, la technologie a incroyablement progressé (Apple fait beaucoup de communication sur la capacité « photo » de l’iPhone). Je suis passé sur la gamme Pro des iPhone à l’origine avec le 11 pour m’amuser avec les possibilités offertes, étant à présent sur un 15 Pro Max parce que j’avais envie de jouer avec le grand-angle. Or, quand nous étions dans l’outback en juin dernier et que je me baladais avec mon R7, j’ai enfin saisi à quel point l’iPhone a progressé, mais aussi, à quel point c’est devenu un appareil photo à part entière. (Jusqu’ici, je trouvais ça rigolo, exploitable dans certaines situations, mais je me méfiais à mort du langage marketing : oui, okay, on a tourné tel et tel film avec un iPhone, mais il y a une raison pour laquelle on utilise encore des grosses caméras.)

Ça, par exemple, c’est du #shotoniphone (passé sour Lightroom ensuite) :

Great Central Road Cliquez pour agrandir

Les vrais pros se baladent avec deux boîtiers, sur lesquels ils vissent deux types d’optiques différentes, un zoom et un grand angle, par exemple. Mais vu que mon R7 a pour boulot de zoomer, même avec mon grand angle, j’ai été shockay de découvrir que j’avais moins de recul que l’iPhone. Lequel shoote en RAW avec une définition respectable. C’est effectivement un appareil à part entière, aux capacités clairement bornées, mais très compétent pour son domaine spécifique (et même meilleur parfois – j’ai fait à main levée de la photo nocturne qui aurait nécessité un trépied sur un gros appareil).

J’ai donc l’équivalent de deux boîtiers, pour deux usages différents, et je ne m’en étais pas rendu compte. Et visser un grand angle sur mon R7 n’a plus aucun sens : j’ai un truc dans la poche qui fait ce boulot mieux de toute façon. L’iPhone, dans son domaine de compétence, n’est carrément plus un jouet dans la gamme Pro.

Cette prise de conscience me fait également réévaluer mon logiciel de développement photo, et ça tombe à point nommé. Adobe est une compagnie toxique, leurs abonnements sont abusifs, la polémique l’année dernière sur l’entraînement potentiel de leurs modèles génératifs sur le contenu des utilisateurs a soulevé la furie à juste titre, et ils ont encore augmenté leurs tarifs. Je veux les lâcher depuis longtemps, mais pour aller où ? Je suis bien coincé profondément dans Lightroom.

Sauf que, aussi : originellement, j’avais deux bibliothèques photo avec deux rôles clairement identifiés, Apple Photos avec le contenu « personnel » (photos de vacances, pour simplifier) et Lightroom avec le contenu « créatif » (puisque sortant du gros appareil Canon) ou relatif au volontariat écologique (photoidentification). Au fil des années, là encore, je me rends compte que ça n’est plus du tout aussi clair, et cette division est aussi artificielle que malcommode. Un coup je pioche un RAW dans Photos, un coup c’est dans Lightroom… Je passe sour Lightroom, mais je réimporte dans Photos dans mon album « Flickr sélection »… Tout cela est redondant.

Lightroom est puissant, je le connais sur le bout des doigts depuis une petite quinzaine d’années, mais franchement, Adobe et ses abonnements me sortent par les yeux, je vis sans Microsoft, Google et Meta, c’est l’occasion de chercher une autre solution, et de fusionner mes deux bibliothèques en une seule (et je paie de l’espace iCloud que je ne remplis pas).

Alors, quoi ? Setapp m’offre une licence de Luminar, que j’ai utilisé de loin en loin au fil des ans, mais je trouve l’interface bizarre et les résultats sur-travaillés (c’est une esthétique, mais ça ne colle pas pour tout). En ce moment, je tente ma chance avec Photomator, créé par les développeurs de Pixelmator que j’utilise déjà pour l’édition d’images, et qui vise clairement à concurrencer Lightroom en s’intégrant à Apple Photos.

J’ai très envie d’aimer Photomator. Clairement, c’est quand même bien moins puissant que Lightroom. Je perds tous les presets accumulés au fil des ans. Mais l’élégance d’aller directement piocher dans une seule bibliothèque de photos me plaît énormément. Donc, je vais insister et essayer de m’y faire, pour pouvoir virer Lightroom à terme. Pour ce que je fais, Photomator semble « good enough ».

Par contre, Apple a racheté les développeurs… Et on ne sait rien de l’avenir des apps. Je crois cependant qu’il est permis d’être prudemment optimiste : Apple ne rachète pas ce genre d’app pour les tuer ensuite (Workflow a donné l’excellent Shortcuts, par exemple), et il leur manque clairement un successeur à feu Aperture. À suivre.

 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on August 11, 2025 01:30

August 8, 2025

La photo de la semaine : Route vers nulle part

Essai d’édition avec Photomator, toujours pour essayer de me débarrasser de Lightroom… 

Road to nowhere Cliquez pour agrandir
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on August 08, 2025 01:30

August 6, 2025

On est en 2025, iCloud remarche : meilleures pratiques pour Scrivener

L’année dernière, iCloud m’avait fait une petite blagounette : les fichiers modifiés sur un fuseau horaire différent (lors de mon passage en France par rapport à ma base en Australie), avec le MacBook que j’utilise en déplacement, ne se synchronisaient pas sur mon Mac principal (enfin, il a fallu trois semaines). J’ai refait l’expérience en 2025 et : hosanna sur terre et dans les clouds, le service a correctement et rapidement synchronisé mes données ! Si bug il y avait, il semble résolu.

Ce genre de blague est évidemment fâcheux, mais c’est surtout un énorme risque quand on utilise Scrivener. En effet, pour accommoder des projets colossaux sur des machines modestes, il utilise un format de fichiers particulier, les package files, et ces fichiers sont extrêmement sensibles aux algorithmes de synchronisation employés par les services cloud. La règle d’or est : tout projet Scrivener doit être impérativement disponible intégralement en local, ou bien la corruption des données est quasi-certaine. Les développeurs fournissent même une page de précautions à respecter comme les tables de la loi au retour vénère de Moïse.

Le problème central se situe dans les algorithmes supposément intelligents de synchronisation : les services cloud déchargent de votre machine les fichiers moins couramment utilisés pour faire de la place. Or, ils peuvent décharger des fichiers à l’intérieur du projet Scrivener, parfois même alors qu’il est ouvert, conduisant à ce qu’on appelle, en termes techniques précis, un bordel sans nom. Pour cette même raison, il est également crucial d’attendre que la synchronisation d’un projet soit terminée avant de l’ouvrir sur une autre machine.

Il convient donc d’adopter :

Un service de cloud qui sait gérer les package files – les développeurs recommandent Dropbox, Ou bien, parmi les services de cloud testés et approuvés, s’assurer que cette « synchronisation intelligente » est désactivée.

Jusqu’à l’année dernière, il était donc impératif de s’assurer que ladite synchronisation intelligente ne soit PAS activée dans les préférences d’iCloud, appelée ici « Optimisation du stockage ». C’était la seule façon de forcer iCloud à toujours conserver les données en local, mais cela impliquait d’avoir un disque interne suffisamment gros (et on sait qu’Apple se rince bien là-dessus), parce qu’iCloud vit obligatoirement sur le disque interne :

Heureusement, depuis les mises à jour 2024 des systèmes (iOS 18 / macOS Sequoia), une nouvelle option est ENFIN disponible. Si l’on laisse iCloud le soin d’optimiser le stockage du Mac, on peut néanmoins forcer le système à conserver dossiers et/ou fichiers en local d’un simple clic-droit, ce qui règle le problème de la taille du stockage :

On prendra donc un soin obsessionnel à conserver tous ses projets Scrivener en local de la sorte (pour faire simple, on pourra conserver tout son dossier « Écriture », où l’on mettra tous ses projets). Pour ma part, j’utilise iCloud avec un GROS projet Scrivener (le projet « Les Dieux sauvages » pèse environ 1,5 Go à l’heure actuelle) et, en suivant toutes les recommandations d’usage, je n’ai eu aucun problème de fonctionnement. iCloud est donc tout à fait utilisable avec Scrivener, et c’est bien beau de râler, il faut aussi dire quand les trucs (re)marchent.

Mais au final, pourquoi utiliser iCloud ? Il existe de bonnes alternatives (j’ai utilisé Filen une bonne partie de l’année 2024). Principalement pour deux raisons : c’est intégré au système, ce qui réduit le nombre de solutions techniques à maintenir ; et mes données sont chiffrées de bout en bout (avec la Protection Avancée des Données, que j’ai adoptée dès sa disponibilité en Australie), ce qui est à mon sens un impératif de nos jours (et ce que Dropbox ne fournit pas).

(J’ai un troisième argument, qui concerne surtout ma situation personnelle, mais c’est le prix : j’utilise la formule Apple One avec le stockage et tous les services fournis comme Music, TV+, Arcade et Fitness+ ; la version australienne me donne en plus Apple News+, soit un abonnement illimité à des tas de magazines comme National Geographic ou Scientific American, et j’en rêvais depuis sa sortie aux US. Le stockage, mon utilisation intensive d’Apple Music, mon utilisation régulière de News+ et mon picorage des autres services rendent l’opération rentable, ce qui revient moins cher que l’abonnement pour chaque service à part. On peut faire le même genre de calcul en France, mais le nombre de services disponibles étant beaucoup plus restreint, cela rend le calcul moins certain.)

 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on August 06, 2025 01:30

August 4, 2025

N’ajustez pas vos horizontales (de la barre de progrès de La Succession des Âges)

Je ne sais pas vraiment si les « barres de progrès » dans la colonne à droite sont réellement utiles (dites-le moi en commentaires comme si on était en 1999), mais si elles le sont et que vous les surveillez, vous avez sans doute remarqué que celle de la rédaction de La Succession des Âges est restée bloquée au même endroit depuis des mois.

Cela ne signifie pas que le manuscrit n’avance pas ; je partage régulièrement des points d’étape qui me semblent plus utiles, à ce stade des choses, qu’un chiffre bête et méchant. En effet, l’estimation du volume total de ce livre s’est trouvée régulièrement explosée dans les grandes larges par la marche implacable de la narration, donc, en toute honnêteté, je suis incapable de quantifier précisément « j’en suis là ». Juste : j’ai un plan, j’avance, je progresse vers la fin, mais je ne sais plus rien sur le temps et le volume que ça va représenter. (Pour mémoire, j’ai déjà viré l’équivalent d’un petit roman entier dans le manuscrit.)

Cette estimation numérique est en plus délétère (je me suis moi-même fait prendre au piège de la rédaction comme seule métrique de la progression de la création), car, alors que j’approche quand même du dénouement, je peux passer un jour entier à vérifier la cohérence de fils narratifs en traquant des éléments à travers les quatre bouquins précédents qui représentent quand même de jolies briquettes. Pendant que je fais ça, le texte n’avance pas, mais il avance malgré tout ; ne serait-ce que par l’assurance que ce travail me donne d’avancer sur un terrain ferme, et pas des sables mouvants qui vont m’engloutir à la correction parce que je me suis forcé à progresser contre mes instincts. Mais bon, ça fait pas des mots, vous voyez.

Donc : n’ayez crainte. Par précaution, j’ai d’ailleurs supprimé les pourcentages de ces barres pour l’instant. Ils reviendront peut-être quand le manuscrit sera réellement bouclé, les corrections étant une phase largement plus facile à estimer ; mais même là, je me suis fait avoir (la progression vers la fin du roman révélant quelques corrections supplémentaires à faire, ce qui CASSE LES POURCENTAGES GODDAMMIT). Ça n’est peut-être pas la bonne manière de transmettre cette information. Bref, les choses avancent, elles sont juste inquantifiables en ce moment, indicibles, non-euclidiennes.

 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on August 04, 2025 01:30

August 1, 2025

La photo de la semaine : Crépuscule épuré

Pared down sunset Cliquez pour agrandir
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on August 01, 2025 01:30

July 30, 2025

Le Zettel de la quinzaine : Un plan peut être dit ou bien fait, mais pas les deux (202411141608)

Je tente un truc. J’ai évidemment quantité de notes sur l’écriture dans mon Zettelkasten, dont beaucoup sont mal fichues, et gagneraient à être toilettées. Pas mal de concepts qui s’y trouvent pourraient être utiles au plus grand nombre. Je vais donc tenter de partager une « fiche » régulièrement – je dis « de la quinzaine », mais ne prenez pas encore ça comme une promesse. D’autre part, la rédaction reste à la base pour mon seul bénéfice, et pourra être reformulée ou amputée de parties que je juge confidentielles à mon gré. C’est une expérience.

Une action dramatisée est racontée par son déroulement même, donc en annoncer le projet en amont, sans surprise ni variation, est superflu.

Inversement, une action annoncée en amont ne gagne rien à être dramatisée telle quelle, c’est une redite.

Par conséquent, une action peut être annoncée ou bien faite, mais pas les deux. Parce que ça fait double emploi, donc c’est inutile et chiant.

Il vient qu’[[Une action annoncée qui se déroule comme prévu sera avantageusement occultée dans la dramatisation]].

Si on mentionne cependant l’action deux fois, il faut donc un degré de variation. Par exemple :

Ce qui est annoncé n’est pas conforme à ce qui se déroule ensuite ; considérer que [[Un plan annoncé ne peut pas se dérouler comme prévu]].On ne dit pas tout en amont pour créer du mystère ; par exemple, on peut à la place montrer les problèmes sans les résoudre (on le verra dans la dramatisation). C’est aussi un bon endroit pour introduire subtilement un maximum d’éléments de mise en scène et de décor, qu’on n’aura du coup plus besoin de réétablir. Très utile avec des mises en scènes complexes.

Photo « Zettelkasten » CC-By-SA par Kai Schreiber.

 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on July 30, 2025 01:30

July 28, 2025

Plus de social et moins de social

Non, il ne s’agit pas d’un discours de l’actuel gouvernement, mais d’une prolongation du globiboulga (le blé préféré des dauphins pilotes) de la semaine dernière, avec deux-trois réflexions à ciel ouvert sur cet endroit (qui, non, ne va pas fermer, comme on m’en a adressé la crainte en PM. Je me repose la question de sa pertinence tous les trois-quatre ans, c’est un cycle normal et plutôt sain, et de toute façon, si je devais un jour cesser de l’alimenter, je promets céans que ses archives resteront disponibles).

La problématique des échanges en ligne de nos jours est bien connue : un petit groupe d’entreprises a fait préemption sur l’espace public et la notion même de communauté, ce qui, cela me semble évident, nous appauvrit collectivement. Par raisons éthiques, j’ai envoyé X et Meta aux gémonies et me suis centré exclusivement ici et sur Bluesky. Ce qui est chouette (savez-vous combien la vie sans shitstorm, avec des conversations posées, est agréable pour la pression artérielle ?) mais, de fait, me coupe de l’aspect « salon littéraire permanent » du métier, ce qui est moins chouette.

Or, comme je le disais jeudi dernier, par ailleurs, ça fait 17 ans que cet endroit existe, et j’ai vu quantité d’espaces apparaître et disparaître (vous vous rappelez Google+? lol). Et si, depuis l’époque de php-nuke, j’ai bien compris un truc auquel j’encourage tou·tes les créateur·ices à réfléchir, c’est le suivant :

Vous devez être en possession de vos archives.

Être présent·e sur un réseau, certes ; y échanger, bien sûr ; mais y construire sa communauté, pour que ledit réseau puisse ensuite vous enfermer (et vous soutirer des pièces d’or) est un piège qui se reproduit encore, encore et encore. (Cf tou·tess mes camarades qui se trouvent prisonnier·es d’Instagram malgré leurs convictions politiques parce qu’en disparaître, m’affirme-t-on, les mettrait en sérieux danger ; la même chose s’était produite avec Facebook – cet article a… 13 ans). Les réseaux sont des têtes de pont, des lieux qu’on visite ; mais il faut une maison virtuelle, un lieu qui vous appartient, dont vous détenez l’intégralité du contrôle : un site et/ou blog. Invitez les gens, ramenez-les chez vous, montrez-leur comment c’est chouette. Libérons-nous collectivement des machines à engagement.

Bien sûr, c’est bien plus difficile que de poster des photos immédiatement sur Insta et de recevoir des retours. (C’est l’une des raisons pour lesquelles je déteste Insta.) Surtout, et ça, c’est structurel, on perd l’immédiateté de l’échange. Un post bref, un statut, une photo rapide, ça se prête à bien à Bluesky ou Instagram ; demander aux gens de cliquer pour venir lire quelque chose exige mécaniquement davantage que « regardez mes fantastiques gaufres ». Sortir de l’environnement nécessite, en filigrane, la promesse d’une substance. C’est pourquoi les « blogs », initialement des journaux personnels (« web-log ») sont progressivement devenus des outils de marketing ciblés et/ou des encyclopédies savantes (dont il existe de super exemples).

Je n’ai rien contre le côté encyclopédie savante (ce n’est pas comme si je ne m’adonnais jamais à l’exercice), mais encore une fois, je trouve qu’on a perdu un truc en confiant aux réseaux de « microblogging » l’aspect spontané de nos photos de chats. Ce site tourne sous WordPress, et Jetpack, l’un des plugins commerciaux du développeur, a introduit les « Social Notes » (les miennes sont ici) qui, en théorie, sont la réponse qu’on cherchait : des posts courts, spontanés, hébergés par son propre site mais partagés sur les réseaux comme des posts natifs.

Dans les faits, l’implémentation laisse à désirer. Les images n’apparaissent pas sur Bluesky ; ces notes sont extrêmement difficiles à intégrer dans le reste du site ; il manque un outil de rédaction rapide et convivial sur mobile comme l’offrent tous les réseaux commerciaux, ce qui tue l’aspect spontané.

Ce qu’il faudrait, c’est pouvoir faire apparaître ces notes dans le flux même du reste du blog ; qu’elles soient récupérées et envoyées automatiquement chaque jour par les plugins de newsletters (pour que les personnes qui ont raté la conversation puissent s’y joindre) ; bref, qu’elles forment des posts à part entière, mais dont l’aspect immédiat et transitoire soit tout de suite compréhensible, et déborde vers la possibilité d’une communication plus asynchrone.

Je serais étonné que ça n’existe pas déjà sous une forme ou une autre, avec des possibles plugins tiers. Je suis même prêt à payer un peu pour ça (si ça n’est pas gratuit, ça n’est pas moi le produit). Donc, si tu te demandes, auguste lectorat, quel est l’avenir de ce lieu de perdition, voici ce que j’aimerais réussir à atteindre, et ce à quoi la partie bidouilleuse de ma psyché va consacrer son attention.

 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on July 28, 2025 01:30

July 25, 2025

La photo de la semaine : Habitant de l’outback

Étrangement, l’Australie est l’un des derniers pays où l’on peut voir des dromadaires en liberté. Ils ont été importés par les colons pour apprivoiser le désert, et s’y sont plu.

Denizen of the outback Cliquez pour agrandir
 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on July 25, 2025 01:30

July 23, 2025

Les réseaux sociaux ont tué les communautés, les blogs sont morts, ChatGPT remplace le contact et rien n’est réel de toute façon

Je suis un vieux blogueur. Les premières entrées de ces pages datent de 2008. DIX-SEPT ANS, bientôt ce blog pourra voter ; en 2008, l’iPhone venait tout juste de sortir, George W. Bush était encore président du monde et j’étais encore sur MySpace. (Si j’ai un blog, d’ailleurs, c’est la faute à, ou grâce à Léa Silhol, à qui je rends céans grâce et hommage : elle m’a encouragé / poussé très fort dans le dos, et comme je ne sais pas arrêter les trucs que je commence, dix-sept ans plus tard, je donne des cheveux blancs à mon hébergeur avec une base WordPress beaucoup trop grande pour son bien.)

À intervalles réguliers, je me demande : qu’est-ce qu’un blog aujourd’hui ? Où est sa place ? Le paysage a changé beaucoup plus vite que moi – je reste attaché à l’aspect bloc-notes bordélique du blog version 2005, comme cette entrée l’est assurément ; un peu de tout et n’importe quoi, un aspect expérimental, un point d’étape, un partage d’un truc rigolo. Les réseaux, hélas, ont cannibalisé cet aspect ; avec toute l’animosité qu’on doit vouer à Elon Musk si l’on est normalement constitué, il n’avait pas tort quand il traitait Twitter de « place du village ». Ce qui n’est pas réservé qu’à Twitter, notez bien ; Instagram, jadis Facebook, sont autant de places du village, d’agora modernes (agoræ ? agori ? chats angoras ?), en supposant que le tenancier vous rackette à l’entrée en vous demandant où vous étiez hier soir et vous balance en pleine face des pubs destinées à vous faire pourrir le cerveau – MAIS BON.

Aujourd’hui, un blog – je le vois chez nombre de mes camarades – se soit d’avoir un angle, une ligne éditoriale, et c’est sans doute l’approche intelligente ; je ne jette certes pas la pierre à mes camarades. Un auteur parle de livres, de narration, peut-être un peu de cinéma, il cible son propos, construit ainsi son lectorat, son public, sa communauté, ce qui augmente sa visibilité, et c’est normal – être vu, c’est aussi vendre, et il faut manger.

Mais moi, je vais vous dire : j’aime les blogs à la John Scalzisa fille poste ses arrangements de charcuterie en long, large et en travers parce que pourquoi pas. Okay, CERTES, je suis le public cible pour des arrangements de charcuterie, mais quand même. Et pourtant, je peine fortement à parler de moi, je considère que les livres doivent parler d’eux-mêmes ; j’ai perdu de longue date le goût des polémiques en ligne ; je lâche quelques jeux de mots à la con sur Bluesky, des réflexions plus à chaud, mais donc : suis-je bloqué dans un paradoxe stupide avec un média fondé sur le partage alors que je suis fondamentalement bloqué sur l’idée de partage en ligne ?

Est-ce que je n’écris pas un peu toutes ces réflexions juste parce que j’ai un fucking tome 5 à finir et que chaque fois que j’alimente ce blog, je sens que je devrais employer de l’énergie créative à écrire au lieu de, heu, écrire ?

 •  0 comments  •  flag
Share on Twitter
Published on July 23, 2025 01:30

Lionel Davoust's Blog

Lionel Davoust
Lionel Davoust isn't a Goodreads Author (yet), but they do have a blog, so here are some recent posts imported from their feed.
Follow Lionel Davoust's blog with rss.