Jean-Philippe Pastor's Blog
February 15, 2015
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January 24, 2015
Capitalisme contemporain
La question du rôle du capitalisme mondial n'est plus "économique".
Sur le fond, en vérité, elle ne l'a jamais été. C'est plutôt la question idéologique portant sur la facture du type d'humanité qui, de manière totalement déliée de toute attache dans la pensée, peut assumer comme avenir, dans la cadre de l'histoire mondiale, la déliaison de tout possible imaginable - hors de l'inattendu impensé.
L'attaque politique est portée contre la négligence de la question modale (possibilité). Cette dernière se posant comme la seule interrogation possible. Ce qui advient hors de cette unité ontologique est purement accidentel, hasardeux... Züfallig.
Le dépassement de la métaphysique n'est pas raisonnable: ce qui advient sans aucune raison préalable n'existe pas.
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Le livre numérique en pleine expansion
Liste des hyperliens dans un livre numérique
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Jean-Philippe Pastor
January 6, 2015
La peur de la page blanche
Le texte dans le livre se méfie du textel sur l'écran. A travers lui, le texte vit l'anamnèse d'un temps où il n'était pas écrit – il vit l'angoisse du vide scriptural dont il sortit une fois la peur de la page blanche surmontée.
Non pas que le texte voit dans le digital une écriture de la subversion ou de la contradiction - ce qui lui ferait trop d'honneur ... mais une expression seconde (voire secondaire, secondarisée) susceptible de mettre en danger l'attachement originaire à l'Ecriture Véritable, l'écriture manuscripturée seule capable de dire le Sens. Car seul le Livre se livre. Seul capable de rassembler la signification dans un texte qui élève la phrase à la hauteur d'un genre ou d'une discipline canonique (rhétorique, philosophique, littéraire...). Une sorte de critique platonicienne de l'écriture qui continuerait le Phèdre, une critique de la graphie mise au carré finalement...
La résistance au digital équivaut dans ce cas à un refus - à quel genre en effet ce texte numérisé peut-il bien appartenir? Ne pas se laisser toucher par le digital devient le précepte fondamental, le problème sans solution qui taraude la textualité contemporaine: est-ce vraiment une fiction écrite sur écran ou bien ce texte appartient-il au genre "non-fiction" (classe qu'affectionnent particulièrement aujourd'hui les anglo-saxons et sur laquelle indignement tous les auteurs hors du domaine fictionnel sur l’Internet semblent sagement se ranger) - est-ce une simple transcription d'un texte préalablement scanné (auquel cas revenons vite à l'original !), ou bien encore est-ce l'extrait d'un véritable hyper-texte et, dans ce cas, quel logiciel hypertextuel a-t-il permis de l'écrire?.. Etc.). A travers l'étendue sans fin de toutes ces questions, le retrait dubitatif du texte face au textel est patent.
Mais ce refus n'est pas seulement celui du simple mépris ou du désintérêt désobligeant dont on accable volontiers l'écriture sur l'Internet. Il est la marque d'une appréhension bien plus profonde: celle qui saisit la tension qui vient sous les doigts lorsque le textel s'écrit, la mise sous tension que provoque l'apparition de la lettre sur l'écran lorsqu'elle se propose d'abord au regard (à l'appréciation spéculaire, électro-luminescente qui vient à l'œil) plutôt qu'à la lecture compréhensive, au dé-chiffrement habituellement « immédiat » que l'on accorde au texte-papier. Ce premier "écart", même infime, celui qui part de l'appréhension tactile de la lettre digitalisée et se destine à la vue signifiante du signe que je déchiffre à l'écran (et qui apparait désormais comme un toucher en léger différé), ce retard qui se créé entre la touche digitale et l'opération mentale qui fait le chiffre de la lettre dans l'exercice simultané de sa symbolisation, m'éloigne déjà de l'expression authentique à laquelle j'aspire lorsque je m'adresse à mon lecteur. Le textel que je voudrais dé-livrer, avant même l'occurrence de son premier envoi, ne se laisse pas prendre et saisir dans toute l'étendue de sa compréhension. Il fait des lettres dont son corps se compose un objet singulier capable de s'afficher sur un écran - mais sans maintenant faire intervenir la pratique social-imaginaire de devoir signifier sans délai. A de multiples égards, il s'agit là sans conteste de la perception d'un certain danger qu'il faut à tout prix écarter. Le textel semble absorber la substance du texte. Il agit comme un cocon qui l'abrite ne vit effectivement que de la disparition du corps du texte interne qui le métabolise sous certaines conditions: son écriture n'est pas une transformation qui surviendrait à une instance textuelle pré-existante, mais le mouvement même de l'apparition des lettres se succédant à l'écran, une métabole qui sous-tend le sens ontologique de l'expérience de l'écriture contemporaine.
La peur de la page blanche est ici temporairement mise à découvert.
La métabole apparaît scripturalement comme un dispositif de transformation et de métamorphose de la présence intacte du texte sauvegardé. Celui-ci s'arrache à la fixité de son inscription. Il se voit bientôt lancé, envoyé vers une scripturalité qui semble étonnamment produire l'identité de la lettre au lieu de la présupposer. L'expérience du textel envoyé sur le réseau fait au fond pressentir la mise en doute radicale du propre dans l'écriture - quelle pourrait être en effet la propr-iété d'un texte auquel son propriétaire ne saurait répondre totalement de l'inscription? Le textel se présente à l'écran comme un objet textué appartenant au genre de textes auxquels manque précisément le genre, revendiquant par sa graphie la transformation de l'écriture comme sa question toute entière, une textualité qui voudrait faire d'un grand dehors "générique" un objet déterminé.
Sauf que cet objet ne fait l'objet d'aucune détermination préalable.
Il vient même contrarier le projet rhétorique de prise en considération des signes contenus dans sa machine. L'originalité de sa logique pourrait en effet se lire à travers celle de ses seuls signifiants. Or cette logique-là méconnait la lettre du textel qui s’envoie. Elle continue à croire à la réduction de sa textualité à une image qu'il suffirait de décoder pour comprendre son sens. Mais cette exercice est vain ; d'abord parce que cette détermination de la textualité est elle-même générée en amont par un code informatique qui l’informe de part en part, un Chiffre qui génère une écriture matricielle à l'origine, de la prise en considération de la lettre du textel, du cadre textuel qui n'est jamais vraiment observé dans un Livre au profit d'abstractions algorithmiques ou applicatives désignées: son objet se change en un opérateur de sens qui cherche à échapper à la lettre de sa signification, à la fiction ( à la fixion) de son signifié transcendantal. Il devient un convertisseur de signifiants sur écran ne reconnaissant plus son signifié comme le véritable chiffre de son écriture courante: mis en ligne, les écrits " ne restent plus ". L'antique Verba volent scripta manent vole en éclat. Les objets textués assument sur le réseau le destin leur propre finitude, ils vivent d'une précarité et ne cherchent plus à faire advenir la propriété véritablement substantielle de leur signification à la conscience du lecteur.
En ce sens, ce que j'écris sur le réseau ne m'appartient pas dès l'abord. Le logiciel que j'emploie rend compte et raison de la première lettre digitalement produite sur l'écran. Les phrases que j'inscris par le logiciel qui traite mon texte se dérobe à la propr-iété avant même l'initiative de tout envoi. Elles deviennent ce qui m'aura toujours déjà échappé avant toute inscription idéographique possible. Les phrases se changent ainsi en écriture d'un genre nouveau, une écriture que je ne peux m'approprier et dont je ne peux revendiquer l'improbable propr-iété qu'à la mesure de l'inappropriable dont cette écriture est faite.
C'est bientôt ce rapport à ce qui ne m'appartient pas, à ce qui m'échappe sans cesse dans sa génération qui me rapproche peu à peu de la digitalité originaire du texte. Il révèle et met au dehors l'appréhension originaire de la page blanche dont je ne comprenais pas les véritables ressorts lorsque je rédigeai sur papier
Une fois l'angoisse dissipée, il s'agit de s'attacher à inventer cette écriture du point de vue de sa propr-iation. Tout en montrant que cette voie d'accès à nous-mêmes dans l'écriture est elle-même indissociable d'une transformation en amont du texte traditionnel, sous la forme d'une traversée métabologique de ce qui dans le texte nous sépare de ce rapport au plus propre: tel pourrait être le travail systématique de l'hyper-texte, porté par le fil directeur de la question de la lettre et qui vise par de là le projet d'une algorithmique structurale à dessiner les frontières et les contours de la lettre propre à une nouvelle textualité. Soit donc le lieu d'une lettre qui ne confonde plus avec une lettricité détachée de l'acte de sa génération et qui requiert, comme en retour et de manière cette fois-ci radicale, une approche métabologique des raisons de sa "propre" labilité.
En définitive, l'envoi du textel subit la loi d'un double renvoi: celui qui sépare d'abord l'appréhension digitalisée de la lettre de sa visée intellective, celui ensuite de l'écriture du texte sur l'écran avant l'opération de sa mise en ligne sur le réseau. Ce double r-envoi (avant l'envoi qui vient) contient la structure originale inscrite à même le textel, à même le genre d'un texte sans genre particulier, à même un texte auquel toute propr-iété du même vient à manquer, d'un texte dont le concept opérant ne peut pas être définitivement fixé. C'est bien le sens propre du textel qui se destine à l'envoi qui fait défaut à son écriture. Ce manque définit en vérité le textel, et même l'idéal d'une certaine écriture inédite dans forme comme dans son fond, par ce défaut du genre et du propre qui la marque. Et par conséquent par la seule rhétorique de son inscription re-marquable, son r-envoi, ses tropes, le seul tropisme de ses caractères composants (voir premier principe de l'hypertextualité).
Par le textel même, c'est-à-dire par ce qui en lui réalise et dé-réalise à la fois le propre, le même et donc la vérité de ce que le texte signifie, la vérité d'un texte qui correspondrait à l'adéquation, à la définition d'une essence de ce qui est écrit, de l'essence même du textel, de l'écriture véritable en somme, de l'écriture authentique à laquelle je voudrais me livrer, de la textualité elle-même, conforme à l'idéalité du texte que je poursuis.
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April 4, 2012
Manifeste de l'éditeur numérique
Sara Lloyd, à la tête des publications électroniques de Pan Macmillan vient d’initier (en 6 billets) un manifeste pour l’éditeur numérique sur Digitalist. Un propos important, qui ouvre des perspectives et que Hubert Guillaud partage entièrement. Il a traduit une bonne partie de l’introduction que voici:
“Les ventes d’imprimé sont en baisse. Selon le rapport 2007 du Fonds national pour les arts [National Endowment for Arts], Lire ou ne pas lire, niveau de lecture et taux de lecture volontaire sur des supports imprimés traditionnels sont tous deux en baisse chez les jeunes. Les éditeurs de manuels se battent pour vendre, en lançant des campagnes afin de signaler aux apprenants la nécessité d’utiliser leurs produits. Les ouvrages de fiction reliés ont quasiment disparu à la manière des dinosaures. Le débat sur le libre accès fait rage. Éditeurs et détaillants ont fusionné. On produit de plus en plus de livres, mais de moins en moins de choix est proposé au consommateur. Le temps de loisir se reporte des livres et de la lecture, et même de la télévision, vers le Web; vers les sites de réseautage social, les blogs, les messageries instantanées, les sites de partage de vidéo et de musique. L’économie de l’attention se rétracte, vite. La recherche académique, pour beaucoup d’étudiants, se ramène à la recherche en ligne. Il faut s’y résoudre, pour la plupart des étudiants, en fait, il ne s’agit que de Google. Qui a encore besoin de livres ? Plus précisément, qui a besoin d’éditeurs ?
Dans un monde ‘toujours branché’ où tout devient de plus en plus numérique, où le contenu est de plus en plus fragmenté et morcelé, où les ‘pro-sommateurs’ réunissent les rôles traditionnellement disjoints de producteurs et de consommateurs, où la recherche en ligne remplace la bibliothèque et où ce sont les compilations [mash-ups] multimédia — pas les textes — qui attirent la génération nativement numérique qui grandit vite dans le futur marché de masse, quel rôle les éditeurs ont-ils encore à jouer et comment devront-ils évoluer pour maintenir leur rôle dans la future culture de l’écriture et de la lecture ? Existera-t-il une culture de l’écriture et de la lecture telle que nous la connaissons, demain ? Est-ce que l’industrie de l’édition réagit assez rapidement et travaille suffisamment créativement pour s’adapter à la nouvelle économie de l’information et des loisirs ?
L’édition est une vieille industrie et a ses fondations solidement ancrées dans la culture de l’imprimé. Le modèle de la publication a évolué au fil d’une histoire très lente, selon un modèle organique. (…) [Un secteur] qui a connu peu de changement radical. (…) La montée de l’internet a commencé à perturber cette structure linéaire (…) Plus problèmatique, peut-être, il a soulevé la possibilité de voir l’éditeur être écarté (désintermédié) par ce qui était un obstacle critique qui était avant offert uniquement par l’éditeur : la distribution !
Les éditeurs - et, surtout, les auteurs - devront de plus en plus d’accepter d’énormes changements culturels, socio-économiques et éducatifs et y répondre par un esprit positif et créatif. Nous devons réfléchir beaucoup moins sur les produits et beaucoup mieux sur les contenu, nous aurons besoin de penser “le livre” comme une base ou structure de base. Nous aurons besoin de travailler sur la façon de positionner le livre au centre d’un réseau plutôt que la façon de le distribuer à la fin d’une chaîne. Nous devons reconnaître que les lecteurs sont aussi des écrivains et des leaders d’opinion (…). Nous devons comprendre que des parties de livres de référence font parties d’autres livres et que, désormais, le réseau de sens doit être tissé numériquement, d’une manière très réelle, au coeur de contenus publiés et organisés entièrement par des entités distinctes. Peut-être plus radicalement, nous aurons à examiner si notre priorité sur le texte est toujours valide dans un monde multimédia et de remixage permanent. En d’autres termes, les éditeurs devront penser différemment la nature même du livre et, en parallèle, penser différemment la façon de commercialiser et de vendre les “livres” dans le contexte d’un monde connecté. Fondamentalement, nous devrons comprendre comment nous pouvons ajouter de la valeur en tant qu’éditeurs dans un environnement en réseau.
L’un des principaux changements de perception que les éditeurs doivent accomplir repose sur le livre comme “produit”. Tant que le livre continuera d’être considérée comme un objet défini, enfermé dans sa couverture, comme une “unité” singulière, les éditeurs continueront à limiter leur rôle dans ses nouvelles formes de production et de distribution (…).
La perception du livre comme un objet fermé (locked-in), comme une unité ou produit, a également conduit la perception du numérique comme une “stratégie” consistant en grande partie à la numérisation de textes imprimés afin de créer des livres électroniques. Cette focalisation a conduit à une conception obsédante de “l’objet de lecture” [le reading device, c’est-à-dire la liseuse] et à la croyance en un killer device [un objet tueur] qui serait la clé pour libérer l’avenir du livre électronique, à la façon dont l’iPod l’a été pour la musique. Il s’agit d’une perspective erronée, pas tant parce qu’elle ne parvient pas à reconnaître l’énorme potentiel de la lecture en ligne qui se déroule déjà sur des non-livres comme des ordinateurs de bureau, des ordinateurs portables, des assistants personnels et des téléphones mobiles, mais surtout parce qu’elle ne parvient pas à reconnaître que la nature même des livres et de la lecture est en train de changer et continuera à changer profondément.
Ce qui est absolument clair, c’est que les éditeurs doivent devenir des facilitateurs de la lecture et de ses processus (discussion, recherche, prise de notes, écriture, référencement) et prendre place dans une multitude de plates-formes pour accompagner les lecteurs à travers tout les différents modes de lectures et d’activités."
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Le livre numérique en pleine expansion
Liste des hyperliens dans un livre numérique
Subversion des formes expressives dans un livre numérique
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March 15, 2012
L'esthétique et ses possibles
La modernité est esthétique pour Kierkegaard au sens où elle cherche à confondre systématiquement le possible et la vie que nous vivons. Tout est possible pour un moderne. Nécessairement du point de vue politique comme l'affirme au siècle suivant Walter Benjamin...
A l’esthétique du sublime distinguant encore la belle apparence de l’œuvre placée sous le signe de la représentation, succède le besoin de compenser le vide contemporain né de la p erte de l’aura. C’est le tournant révolutionnaire de l’esthétique devenue politique: le possible prend une valeur ontologique maximale, surtout lorsque la mémoire qui les répertorie accède au rang de faculté spirituelle majeure dans notre société désenchantée.
L’esthétique, remarque Kierkegaard, en reprenant les thèses d’Aristote au début de la Poétique, s’occupe de ce qui est possible, là où l’éthique s'attache à la vie de l’individu, c’est-à-dire à son existence : « Par rapport à la réalité, du point de vue poétique et intellectuel, la possibilité est supérieure […] "
Du point de vue éthique, la réalité est pourtant plus haute que la possibilité. L’éthique veut précisément détruire le désintéressement de la possibilité en faisant de l’existence l’intérêt suprême.
La tension entre esthétique et éthique réside donc le fait qu’en s’occupant davantage de ce qui est possible que de ce qui est réel, l’esthétique nous détourne aussi de la seule réalité qui nous importe : notre propre existence. Dans ces conditions, que devient l'esthétique dans notre modernité radicale, c'est-à-dire un temps pour lequel le possible (général) s'oppose définitivement à ce à quoi l'on ne s'attendait pas (singulier) ? L'éthique est-elle de nouveau une "possibilité" pour nos vies, en se séparant totalement de l'inspiration néo-kantienne qui les pervertie depuis trop longtemps " sous le régime apathique de nos oligarchies libérales " (Castoriadis) ?
Textels suivants ...
Rhétorique néo-aristotélicienne
Les Mégariques, Aristote et le possible
Le possible qui ne se réalise pas
La réduction du possible au nécessaire
Le possible selon Alain Badiou
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March 4, 2012
Liste des hyperliens dans un livre numérique
Une suite détermine généralement la position et la nature des éléments qui la composent en développant la fonction ou la loi qui la dirige. Or, la suite des liens s’inscrivant dans un textel (la liste des termes hypertextualisés figurant dans le texte-en-ligne) dépend paradoxalement du travail des éléments qui la constituent : chaque hyperlien est en effet susceptible à chaque instant d’en créer de nouveaux, rendant particulièrement instable l’établissement définitif d’une série - par ailleurs en modification continue. Dans ces conditions, dresser la liste des hyperliens dans un index à la fin d’un livre numérique (afin de faire le mapping du contenu, d’en établir un lexique raisonné à la manière de EastGate avec le progiciel Tinderbox) présente quelques inconvénients ; car la série n’est jamais achevée, circonscrite, finie, close, égale à elle-même. Depuis la parution du livrel, elle n’aura jamais cessé de se prolonger tout en se transformant. Elle doit d’une part composer nécessairement avec le temps de l’écriture et de la lecture. Elle doit également faire avec l’espacement des termes et leur inscription, avec « le contexte général » se développant sans cesse sur le réseau. C’est là l’effet de ce que j’appelle la métabolicité fondamentale de la chaîne des hyperliens. Et d’ailleurs, la métabole comme figure de style s’inscrit et se révèle rhétoriquement dans la page par la chaîne des termes ainsi générée : la métabole des hyperliens doit s’insérer dans une telle série pour y prendre sa place à côté des éléments qu’elle n’aura pourtant à aucun moment programmée.
Toutefois, le mouvement de transformation de lien en lien dans le texte ne peut guère manquer de suggérer que, avant et après tout, la métabole comme trope dans l’hypertexte précède d’une certaine façon tous les autres éléments de la chaîne ; car c’est bien elle qui instaure la série continue des hyperliens en affirmant, en premier lieu, l’opportunité de leur hypertextualisation. C’est elle qui marque par anticipation, en la préfigurant, le « taguage » des autres éléments qui s’y prêtent. Avant d’entrer dans la chaîne, les tags auraient donc été marqués par un effet de figuration de sorte qu’ils porteraient, avant même d’être tagués, une trace attestant de leur appartenance à la suite des termes hypertextués. Chacun des éléments serait ici prêt à agir en tant que schème complémentaire de la métabole, sinon en tant que son remplacement quasi-synonymique…
En bref, tout comme chacun de ses éléments pris dans leur singularité, la série interrompt, en la transgressant, toute tentative de circonscription définitive. Sa logique se marque sans cesse par un mouvement de modification perpétuelle, tout autant que celle de ses éléments.
Par conséquent, il y aura toujours, à chaque moment, un élément supplémentaire à faire valoir, un élément à venir dans la suite– mais de surcroît, chacun d’entre ces éléments pourra se révéler, dès l’examen, démultipliable à l’infini dans l’opération de marquage : chaque lettre, chaque signe, chaque trace inscrite sur la page reste potentiellement une marque à déposer, renouvelant sans cesse la lecture raisonnée des liens qui la produisent.
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De la nature des liens dans un hypertexte
Qu'est-ce qu'un lien hypertexte inférentiel?
Le livre numérique en pleine expansion
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hypertexte
February 14, 2012
Fantastique du texte sur écran
Savoir ce qu’est un texte devient peu à peu une question sans solution, sans projet : si l’on veut décrire la situation en termes peu avantageux, on dira que pour la plupart des analystes qui, depuis l’époque du post-structuralisme et de l’herméneutique, se sont penchés sur ses caractéristiques essentielles, le texte apparaît définitivement disséminé, éclaté, étoilé…
Savoir tout de go en quoi consiste un hyper-texte peut sembler a fortiori une gageure. Voire un non-sens. Comment définir un hypertexte si l’on avoue d’avance l’impossibilité d’une approche théorique pertinente concernant le simple texte (voir Rhétorique) ? Or l’hyper-textualité a ceci de remarquable par rapport à la seule idéalité du texte qu’elle semble correspondre dans son fonctionnement à une axiomatique susceptible d’être développée en une véritable méthode (voir Axiomatique) ; et celle-ci nous renseigne fort utilement sur la nature d’un hypertexte en termes de calcul, d’hypothèses et de structures opérantes. Cette axiomatique d’un nouveau genre nous renseigne également, par une sorte de lien indirect, sur les composantes textuelles qui l’accueillent. C’est ainsi que les sciences qui se rapportent au domaine strictement textuel s’en trouvent profondément ré-orientées : il existe en effet un véritable dilemme dans ces sciences que l’on résumera de la façon suivante : le seul objet véritable et consistant dans l’analyse est représenté par les traces de l’activité symbolique – signe, sens, signification, phrase, écriture, texte – et ces traces n’ont de sens que si elles sont rapportées aux stratégies de production et de réception qui en constituent l’indispensable révélation. Or force est de constater que ces stratégies sont personnelles, privées. Elles sont difficilement repérables du point de vue des méthodes habituellement utilisées dans les sciences humaines pour les décrire (voir Fantastique). Elles ne semblent pas susceptibles d’analyses objectives tant que nos connaissances en axiomatique des systèmes signifiants restent aussi rudimentaires qu’elles le sont (algorithmique, théorie des langages, calculabilité …), surtout si on les compare à la complexité sans fond des phénomènes symboliques existant.
Dépasser ce dilemme semble pourtant envisageable. Le tout est de ne pas en rester au seul niveau textuel pour avancer. Le tout est de prendre le problème à un niveau différent. J’ai pu montrer que l’objet symbolique n’existe maintenant en tant qu’objet textué que dans sa triple organisation de faible, moyenne ou forte valeur rétentionnelle (voir Poétique ). Et c’est par l’étude de ces objets d’un nouveau genre qu’il me semble opportun d’aborder la question du texte et de son fonctionnement littéral.
Pour autant, il est clair qu’au-delà d’une certaine limite, les configurations internes du texte ne permettent pas de prévoir le sens que souhaite lui donner un lecteur (ou celui que lui avait donné son producteur). Pas plus que l’étude des stratégies de réception ne permet de décrire les configurations internes de ce même écrit. Les textes en savent généralement plus que l'auteur et leurs lecteurs. Encore faut-il le savoir. Encore faut-il poser cette impossibilité sous la forme conceptuelle qu’un tel traitement rhétorique attend ; en somme, il s'agit de poser un concept de ce qui passe le texte pour se présenter sous une forme désormais hyper-textuelle. Et, ce faisant, puisse se prêter à des rapports objectifs peut-être plus opportunément discernables qu’ils ne l’étaient au simple niveau textuel ou hypo-textuel d’antan.
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La page d'un livre numérique se change en image
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January 18, 2012
Réseaux et bipolarisation
La transformation des Formes sur le réseau n'a besoin d'aucune négativité pour aboutir.
Autant le jeu des forces sociales ou politiques nécessite un rapport constant au négatif pour que les choses avancent, autant les formes hypertextuelles ne se dépassent pas. Elles ne se résolvent pas par le conflit et la contradiction pour se créer. Cette situation est inédite pour la philosophie, surtout si on considère l' emprise de Hegel sur tous les raisonnements de pensée en matière de réflexion et d'analyse.
Cependant, si la pensée re-devient bipolaire (après des décennies de relativisme ou de déconstruction conceptuelle), il est à présent très difficile d'imaginer une relation oppositive entre des termes qui ne demandent aucune résolution dialectique pour être posés. Notamment, Le possible et l'inattendu , partition tutélaire de nos temps rhizomatiques et hypertextués, n'entretiennent aucun rapport de négativité, tellement ce qui les sépare est infini.
De sorte que l'inattendu pour sa part est partout, et qu'il n'est nul besoin de le produire par l'extension du hasard ou l'apparence feinte d'une règle imposée. L'inattendu n'est jamais dans le hasard mais dans ce qui arrive tel qu'il est, dans la relation aux autres tels qu'ils sont, dans les péripéties inouïes du monde tel qu'il se donne et se transforme.
Aujourd'hui, ce qui vient est d'une improbabilité bien supérieure à celle promue par les dès ou le hasard conjecturé. Le niveau phénoménal de ces strates est même d'une totale inadéquation: la diagonale du destin qui devrait les croiser n'existe pas; et nous nous rendons à ce qui arrive sans qu'il y aille de notre volonté ou de notre dérilection, au-delà du monde des possibles que nous imaginons.
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Forme et être-pour-le-changement
Forme hypertextuelle et écriture
Tous les textels au sujet de la forme ...
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Jean-Philippe Pastor
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October 19, 2011
Objets textués
Les objets textués à faible valeur rétentionnelle, qui relèvent de la numérisation accélérée des programmes audiovisuels de masse, sont par essence généralisables et sans effet sur les liens qu’ils pourraient tisser entre eux ; car leur dynamique ne réside que dans leur reproductibilité particulière et bornée, sans égard pour les rapports qu’ils pourraient créer avec d’autres objets éventuels : ils n’en ont pas le temps. C’est là le sens de leur généralité (reproduction à l’identique des programmes télévisuels).
Tandis que les objets textués à forte valeur rétentionnelle sont par essence relationnels. Leur valeur métabologique (c’est-à-dire la capacité qu’ils ont à transformer ce qu’ils portent en un autre contenu capable de se lier) suppose un milieu matériel ad hoc susceptible de pro-duire cette transformation au plus loin (universalité). L'objet textué à forte valeur rétentionnelle ne fonctionne pas en effet sur un ordre modal de sa persistance: il n'y a plus là de temps pour le possible (la connaissance fonctionnant ici comme pouvoir, au sens de francis Bacon, le savoir ne s'exerçant ici que comme un contrôle) mais au contraire pour l'inattendu. Une logique qui privilégie donc ce qui vient sans aucune idée de sa forme, au détriment parfois de la substance durable de son contenu dans l’histoire.
Aussi, la condition essentielle pour la consistance d’un objet à forte valeur rétentionnelle, c’est qu’il puisse se méta-boliser, se pro-jeter hors de lui-même pour transformer sa propre matérialité scripturale en une autre (permettant ainsi la transmission des œuvres et des savoirs). Il y a donc une vie rétentionnelle des objets textués, contrairement à ce que suppose Platon lorsqu’il présente l’écriture comme une extériorisation artificielle de la mémoire signifiant à terme la mort du logos… La tradition orphique enseigne le contraire : Orphée, par ses seules œuvres chantées, donne spontanément la vie aux écritures; au point de croire au retour d’Eurydice par ses propres effets poétiques…
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Économie de l’objet textué sur le réseau
Possibles et statut des objets textués
Adorno et les industries culturelles
Tous les textels traitant de l'objet textué et de son économie ...
Généralité modale ou universalité métabologique des objets textués...
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