Il est venu me tuer

Il a marché vers moi pour me tuer. Il est venu armé, je ne me souviens pas s’il avait un couteau, un pistolet ou un fusil, je ne me souviens que de l’éclat du métal. J’ai entendu un bruit et j’ai senti un coup, je ne sais plus c’est qui s’est passé d’abord, car tout est devenu noir trop vite.


Je l’ai vu marcher vers moi, mais je n’ai pas pensé qu’il allait me tuer. On sait bien quand nous avons fait du mal, quand on a fait des erreurs, mais c’était pas mon cas, je savais que je n’avais pas fait du mal à personne, surtout pas pour vouloir me tuer.


Peut-être que je ne suis pas le meilleur homme. Peut-être que j’ai blessé plus d’un homme ou même j’ai cassé le cœur de quelqu’un, peut-être que des fois je n’ai pas su être un bon ami, ou bien que quand j’ai été un ado, j’ai fais des bêtisses qui ont donné des chagrins à mes parents. J’aurais pu aussi avoir été indifférent à la douleur de beaucoup d’êtres humains, à la tragédie qui ont vécu dans ma ville, dans mon pays ou à l’étranger, peut-être que je n’ai pas senti la douleur des Noirs ou Indiens qui ont été discriminés, et nonplus pour les femmes assassinées à Juarez ou de celles qui étaient dans les réseaux de commerce sexuelle partout dans le monde. Peut-être que j’étais aussi indifférent aux appels des parents d’étudiants disparus en Ayotzinapa, ou pour les réfugiés syriens en Europe et même tous ceux qui avant ont dû fuir de la guerre chez eux. Peut-être que je ne me suis pas intéressé vraiment par les histoires de gens déplacées en Colombie ou au Nicaragua, les mexicains morts à cause de la guerre contre la drogue, les morts de faim en Afrique ou les sans-abri dans les rues. Peut-être que l’holocauste ne m’a pas frappé autant, nonplus les histoires de réfugiés du Moyen-Orient, ou la mutilation génitale des femmes, ni les massacres des Chinois ou indiens Yaquis au Mexique. Peut-être que lorsque j’étais un gamin j’ai taquiné aux plus faibles à l’école, j’aurais pu aussi en profiter de ceux considérés inférieurs pour me sentir supérieur, pour gagner le respect et de la reconnaissance des autres, ou tout simplement pour ne pas être un d’entre eux. Oui, peut-être j’ai fait tout ça, mais rien n’en méritait pour lui de venir et me tuer ce jour-là.


Il est aussi très possible que moi j’ai été un être humain moyen. Ni si bon, ni si malin, avec des erreurs et des succès, avec des rêves et des cauchemars, parfois sensible, parfois indifférent, parfois très communautaire et d’autres très égoïstement versé sur moi-même. Il est aussi possible qu’en colère j’en ai fait mal exprès, et puis avec la tête calme j’ai dit “pardonne-moi”. Peut-être que certains m’ont considéré comme une bénédiction dans leur vie et d’autres tout le contraire. Peut-être que des fois j’ai été un surperbe fils ou frère et d’autres, non. Peut-être que j’ai participé à des marches parce j’ai cru à leur causes, et d’autres j’ai eu mieux à leur regarder par télévision. Peut-être que j’ai essayé de faire un meilleur pays et soulevé ma voix, et d’autres fois j’ai décidé même pas sortir pour voter. Peut être qu’un homme est tombé amoureux de moi pour les qualités qu’il a découvert en moi, ou simplement parce je lui faisais rire et correspondait son amour.


Mais quand il a décidé de me tuer, il n’en savait rien, même pas mon nom, mon visage était nouveau pour lui, comme l’ étranger qu’on se croise dans la rue, mais il a marché vers moi parce qu’il savais que moi j’était gay, j’étais dans son chemin et il aurait pu être quelqu’un d’autre, il aurait pu se croiser dans un autre visage. Mais cette fois-là, ce fut moi devant lui.


J’étais des gens chanceux de ne pas devoir cacher leur orientation sexuelle et j’ai tout fait, autant que j’ai su, pour vivre heureux. J’ai eu une famille qui m’a accepté et j’ai choisi comme des amis à ceux qui ont fait parail, puis je leur ai consideré ma famille. J’ai travaillé avec de grands patrons et collègues qui m’ont appréciés pour qui j’étais et non pas pour qui j’aimait. J’ai eu des neveux et nièces qui m’aimaient et même qui m’admiraient. J’ai eu une merveilleuse mère qui maintenant ne peut pas trouver les mots pour exprimer sa douleur. J’ai eu une soeur et trois frères qui pleurent car il n’y a que le sang que fait aussi mal. J’ai eu beaucoup de gens qui m’ont aimé et accepté. Parce qu’au-délà de tout, je n’étais qu’un homme.


Il a marché vers moi pour me tuer. Je n’ai pas su qu’il me haïssait autant déjà, tant que ça lui a suffit.


 


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Texte original en espagnol:


Vino a matarme



 


Traduction et adaptation par l’auteur en anglais:


He came to kill me


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Published on June 14, 2016 14:21
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