Dernièrement, un article sur les littératures de l’imaginaire m’a fait bien plaisir : on y mentionnait que le genre avait longtemps été le parent pauvre de la littérature et que, récemment, il avait acquis ses lettres de noblesse. Cela m’a fait sourire. J’aimerais trop que ce soit le cas.
«Je ne lis pas de ça.» «C’est toujours mal écrit.» «C’est trop facile à écrire; on n’a qu’à coucher sur papier tout ce qui nous passe par la tête.» «C’est pour les enfants, ce n’est pas sérieux.»
Il ne nous viendrait jamais à l’esprit de porter de tels jugements sur les œuvres de George Orwell, Aldous Huxley, Ray Bradbury, Carl Sagan, Isaac Asimov, Margaret Atwood, et j’en passe. Ce sont pourtant les commentaires textuels que m’ont faits des gens lettrés – souvent des professeurs de littérature ou autres personnes influentes dans le milieu – lorsque je leur ai parlé de mon penchant pour la science-fiction. Car encore aujourd’hui, les préjugés envers ce type de littérature sont tenaces. Parfois, certains outrepassent ces jugements et disent avoir apprécié des ouvrages de SF. Ils me proposent alors de lire des psychoses autofictionnelles qui tombent vite dans un univers lynchien délirant... mais, personnellement, ce n’est pas ce que j’entends par « science-fiction ».
Cela découle sans doute d’une très mauvaise compréhension de ce qu’est la véritable littérature de l’imaginaire. Pour rédiger de la science-fiction qui se tient et qui propose une réflexion pertinente, on ne peut pas écrire n’importe quoi. Tout comme les littératures historique et policière (ah, tiens donc! deux autres genres boudés par les diktats de la littérature!), la science-fiction demande une part substantielle de recherches.
Bien sûr, il y a de mauvaises histoires où, en effet, l’auteur n’a pas approfondi son sujet et n’a pas bâti son univers en s’appuyant sur des faits. Mais de mauvais romans, il y en a dans absolument tous les genres. Sans exception.
Au départ, je repoussais le projet d’écriture d’Amblystome parce que je savais que pour bien le faire – ou plutôt, pour le faire comme je le souhaitais –, j’allais devoir m’y consacrer longtemps et vérifier un nombre incalculable de détails. Car je me connais : j’ai tendance à devenir maniaque... Et quand je l’ai entrepris, j’ai plongé sans réserve.
Parfois, c’est fâchant de lire une critique qui nous reproche des erreurs factuelles alors qu’on a pris la peine de consulter une sommité dans le domaine pour s’assurer de la véracité de ce qu’on avance : mais bon, les critiques ont toujours raison et les auteurs sont bien mal placés pour se défendre. Il faut vivre avec.
Dans de précédents billets, j’ai déjà écrit à propos de la science, de l’art et de la sociologie, des disciplines qui me passionnent. J’ai essayé de lire beaucoup sur ces sujets tout en y réfléchissant constamment afin d’apporter le plus de crédibilité possible à ma série.
Un autre domaine auquel j’ai apporté une attention particulièrement pointue est celui de la géographie. Ma tendre moitié ayant des connaissances approfondies dans ce champ comme dans ceux de la télédétection et des sciences de la Terre, j’avais un accès privilégié à l’information.
Sur les cartes, à la fin du roman, la forme des Grands Lacs n’est donc pas fortuite; c’est ce dont ils auraient l’air si leur niveau diminuait de cinquante mètres en suivant la bathymétrie des fonds lacustres. Les cartes ne sont pas d’une précision millimétrique, mais cela donne un portrait assez ressemblant.
Les villes, vous les avez sans doute reconnues. En effet, la très grande majorité des lieux nommés dans les romans (à part Uthmer, Eskamandre et Azaskia) existent dans la réalité. Lorsqu’il est question de sources ou de zones marécageuses, cela correspond en général à des lacs actuels. La mine de palladium, elle aussi existe réellement. Et vous saviez peut-être que la zone radioactive que Roz veut à tout prix éviter dans le troisième tome représente les laboratoires nucléaires de Chalk River en Ontario.
Toutefois, après tout, l’erreur est humaine et quelques-unes m’ont certainement échappé à certains endroits. J’ai dû me raisonner : il est impossible de tout vérifier. Soit. Mais de grâce, que personne ne vienne me dire que j’écris n’importe quoi.
http://www.thunderbaybusiness.ca/arti...https://fr.wikipedia.org/wiki/Laborat...
http://www.examiner.com/article/ny-ti...
Le Québec devrait suivre, lentement mais surement.
Quant à vous reprocher des imprécisions, vos détracteurs devraient se souvenir du terme fiction dans science-fiction.