Status Updates From La Guerre D'espagne Et Ses ...

'L'État louait des bataillons de penanos à des entreprises de travaux publics [...]. Une fois déduit le salaire versé en fin de semaine au prisonnier, soit environ 10 % du salaire normal, l'État consacrait la moitié des sommes perçues à l'entretien des prisonniers et investissait l'autre moitié dans la réalisation de ses projets ; le plus important fut le monument du Valle de los Caidos, proche de l'Escorial [...].'

'Le national catholicisme, qui n'est pas un produit idéologique nouveau mais bien l'adéquation aux temps nouveau des postulats du conservatisme antiparlementaire espagnol, imprègne toute la culture franquiste.'

'Franco ne sera pas comptable, à mon sens, d'avoir participé au mouvement du 18 juillet, qui aurait eu lieu sans lui... Mais Franco demeurera comptable du mépris presque absolu dont il a témoigné envers la vie des hommes... Il a prolongé des années durant la punition des vaincus. Il avait gagné la guerre, il ne sut jamais gagner la paix.'

'À l'exception du Mexique et du Chili, les autres nations latino-américaines n'ont guère montré d'enthousiasme pour recevoir les républicains espagnols exilés. L'attitude du Chili était naturelle : il avait un gouvernement de Front populaire et son ambassadeur à Paris n'était autre que Pablo Neruda.'

[...] les enfants furent dispersés, certains expédiés en Asie centrale. Une inspection sanitaire, exigée par les communistes espagnols en URSS en 1941-2, révéla que 50 % d'entre eux étaient tuberculeux et que 750 étaient morts durant la première année de guerre. Avant de quitter l'URSS en 1943, Jesus Hernandez constata que beaucoup d'adolescents espagnols s'étaient réfugiés dans la délinquance'

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'Après la défaite républicaine, la qualité de l'attention et des soins diminua : les enfants [réfugiés espagnols en URSS] étaient devenus une charge pour l'État soviétique. Les règlements furent modifiés, les professeurs d'espagnol passèrent au second plan, les enfants se virent astreints à quelques besognes de complément. Cependant leur situation reste acceptable jusqu'à la guerre germano-soviétique.

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'En septembre 1939, les internés furent transférés à Septfonds, à l'exception des « extrémistes ». On classait les communistes dans cette catégorie depuis le pacte germano-soviétique. Les brigadistes, communistes pour la plupart, étaient affectés à cet « univers kafkaïen » selon Jean Carrasco. Il était placé sous haute surveillance parce que peuplé d'anciens de la colonne Durruti [...].'

'On ne saurait oublier que des brigadistes de diverses nationalités participèrent activement à la Résistance française ; ce fut le cas de bon nombre des combattants des FTP-MOI. Les quatre détachements étaient commandés par des anciens des Brigades [Internationales] [...]. 5 des 23 résistants du groupe Manouchian [...] étaient des anciens d'Espagne.'

'D'un bout à l'autre du conflit, les deux camps se comportèrent comme des agences de désinformation et des fabriques de rumeurs et mensonges avec une constance sans faille et une parfaite mauvaise foi. À l'évidence il s'agissait là d'une façon de continuer la guerre par d'autres méthodes : presse, radio, affiche, tracts, rassemblements de masse, information orientée, relayée au-delà des frontières [...].'

'Paradoxalement, ce furent les militants d'extrême gauche qui permirent aux nationalistes de se donner une légitimité en invoquant la défense de la religion chrétienne, puis de forger le mythe de la « croisade ». En déclenchant une atroce persécution, [ils] procurèrent à Franco une justification précieuse, dont il comprit rapidement les avantages, et les influenceurs de façon très défavorable l'opinion étrangère.'

'La Phalange, de 1936 à 1939, exprime une violente poussée en faveur d'un État autoritaire, libérée de la tradition monarchique, très critique envers l'Église et les carences de sa politique sociale, volontiers insolent envers les « barons du capitalisme », les mots n'étant après tout que des mots.'

'La réalité de la « Révolution libertaire » dans les anciens États de la Couronne d'Aragon (Catalogne, Aragon, Valence), en Nouvelle Castille et dans une partie de l'Andalousie intérieure ne fait aucun doute. On peut même affirmer que ce fut la tentative de révolution la plus profonde et la plus complète jamais effectuée en Europe. Ce fut un mouvement messianique dans l'ambition[était la naissance de l'homme nouveau]

'Au-delà du naufrage d'une république avortée, on assista en effet en Espagne à la confrontation de tous les totalitarismes nés ou en gésine : fascisme aux visages multiples, socialisme révolutionnaire, communisme stalinien, intégrisme catholique sous les espèces d'une douteuse croisade et intégrisme libertaire.'

'Une volonté réelle de réconciliation nationale de la part de Franco aurait eu pour effet immédiat, sinon l'acceptation, de toutes ces conditions, du moins l'agrément donné, à quelques nuances près, à celles qui écartaient les représailles et autorisaient l'émigration. Lors de la première entrevue, le 23 mars à Burgos [...], les réponses des officiers franquistes furent satisfaisantes, mais ils se refusèrent à signer

'Franco était conscient de l'affaiblissement soudain de sa position internationale, jusqu'alors en constante amélioration. Si la conférence de Munich aboutissait à un accord, l'Espagne risquait-t-elle pas d'être comprise dans un règlement d'ensemble ? [...] Aussi le Caudillo se hâta-t-il, au grand scandale de Ciano, de proclamer sa neutralité dans un éventuel conflit.'

[Belchite]
'Léo Palacio se souvient 50 ans après de la nuit du 3 au 4 septembre [1937]: « Un vent sec comme le Sirocco souffle, contribuant à pousser devant les assaillants une écœrante odeur de cadavres en décomposition. » Il évoque Hemingway, arrivé après la bataille, qui « ne put que visiter les ruines, muni comme nous d'un masque à gaz, tant l'odeur de mort règnait encore dans les rues ».

'À la fin avril [1937], Moscou avait, en effet, décidé d'éliminer Largo Caballero. Le « Lénine espagnol », qui incarnait pourtant la gauche socialiste, n'était pas assez docile aux injonctions du Komintern et entendait, avec ferveur et sincérité, maintenir l'indépendance de l'Espagne. Il fallait donc le remplacer par un leader plus maniable.'

'L'émotion extraordinaire provoquée dans le monde par Guernica s'explique par l'emploi, alors nouveau, de l'arme aérienne usant de bombe incendiaires et prenant pour cible une ville qui, en apparence du moins, n'était pas un objectif militaire essentiel.'

'Paradoxalement, l'essor impressionnant du PCE, comparable à celui de la Phalange dans l'autre camp, n'était pas l'indice du développement de l'esprit révolutionnaire mais, à l'inverse, d'une tendance contre révolutionnaire. Fidèle aux consignes de Moscou, il se posait en effet en partie d'ordre, défenseur de la propriété privée, face aux entreprises anarchistes de collectivisation et de gestion autonomes [...].'

En août 1936, il n'existe plus d'État. Ni dans la zone rebelle où les structures administratives sont éliminées ni dans la zone loyale, où le gouvernement de la République ne contrôle que des secteurs étroits et ne parvient à faire passer des instructions que par l'intermédiaire des partis et des organisations de gauche, si elles y consentent.'

'Seuls dénominateurs communs, l'enflure du langage, la démesure des superlatifs, le délire des affiches, la cruauté des bourreaux.

'[Blum favorise l'envoi d'armes et d'effectifs à l'Espagne républicaine]
Inquiète, la Grande-Bretagne reprit la main en dépêchant, le 7 août [1937], son ambassadeur à Delbos : la France était-elle vraiment convaincue que le gouvernement de Madrid est-elle véritable gouvernement et non ouvrent les guillemets un écran derrière lequel les éléments anarchistes les plus extrémistes gérait le cours des événements » ?'

'Après l'échec de l'attaque franquiste sur Madrid dans la vallée du Jarama, Mussolini put convaincre un Franco réticent de la nécessité d'une participation plus forte. Militants fascistes et « chemises noires » reçurent l'appoint de chômeurs, souvent d'âge mûr et d'humeur guerrière douteuse. Les Italiens engagèrent ainsi, à la veille du printemps 1937, quelque 35 000 combattants.'

'Tous les historiens des brigades soulignent que cette formation militaire [les Brigades Internationales] fut, sans doute, la plus « intellectuelle » de l'histoire : elle alignait quantité d'artistes, d'écrivains, d'éditeurs, de journalistes, de scientifiques, d'ingénieurs, de médecins.'

'Avant même la formation des Brigades Internationales, une sorte de Légion étrangère de l'air, l'escadrille España, avait été organisé à l'initiative d'André Malraux, soutenu par le ministre de l'Air français, Pierre Cot.[...] L'escadrille España de Malraux a été sévèrement jugé par certains témoins directs dont Ignacio Hidalgo de Cisneros ou des historiens. Certains pilotes repartir sans avoir livré un seul combat.'

'L'Italie livra à l'Espagne un matériel de guerre considérable [...]. Cette aide ne fut pas gratuite: Rome consentait un crédit de longue durée, et l'Espagne franquiste n'acheva de payer la dette qu'en 1960. Cependant, les Italiens se montrèrent généreux et ne firent régler que la moitié environ des frais engagés.'

'Dès lors que les militaires rebelles n'étaient pas parvenus à l'emporter d'emblée, l'internationalisation du conflit devenait inévitable [...] parce que les deux belligérants n'avaient pas ou peu d'armes. Un embargo réel, total, sur le matériel de guerre les eût contraints à la négociation, mais il n'en fut jamais question.'

'On ne peut pas arguer d'un "spontanéisme révolutionnaire" pour excuser ces crimes. La responsabilité majeure, notamment celle des massacres de novembre [1936], incombe à un système policier attesté par les fichiers et albums qui, selon Julian Casanova, fut mis en place par des appareils sous contrôle communiste, avec adjoints soviétiques, appuyés par des militants des Jeunesses socialistes unifiées.'

'Georges Bernanos est un témoin précieux. Catholique fervent et royaliste, il n'avait pas la moindre complaisance envers la République et avait salué avec sympathie la naissance de la Phalange, dans les rangs de laquelle son fils combattit. [...] Mais ce qu'il voit [à Majorque] l'indigne, le révolte.'

'Au début de mars 1937, après sept mois de guerre civile, on comptait 3.000 de ces assassinats [...].'

'Le soulèvement militaire eut pour effet quasi immédiat de provoquer la ruine de l'Etat et de déchaîner la révolution. Dès fin juillet, chaque parti ne pensa plus qu'à l'élimination physique de l'adversaire, sans considération d'aucune sorte, à l'aide de rituels symboliques qui le traquaient au-delà de la mort et d'un vocabulaire du mépris et de la haine.'