Status Updates From Ecrits en Huronie

Le 23 février, au moment de l'examen du soir, il m'a semblé voir une tête d'Espagnol, avec une fraise godronnée et un chapeau à l'espagnole. Aussitôt il me vint à l'esprit que le diable était caché derrière cette image et voulait me distraire de l'oraison. J'ai aussitôt tourné mon esprit ailleurs.

"On est si bon, disait cette bonne femme, depuis qu'on est baptisé, que l'autre jour, voyant qu'on me dérobait un plat, jamais je n'en dis mot." N'est-ce pas là une disposition extraordinaire et une disposition bien grande à pratiquer le conseil de Notre-Seigneur et donner son manteau à celui qui veut nous ravir notre robe?

Nous avons 15 à 20 chrétiens enterrés avec ces infidèles. Nous dîmes pour leurs âmes un De Profundis, avec une ferme espérance que, si la divine bonté n'arrête le cours de ses bénédictions sur ces peuples, cette fête ne se fera plus ou ne sera que pour les chrétiens et se fera avec des cérémonies aussi saintes que celles-là sont sottes et inutiles.

De trois sortes de jeux qui sont particulièrement en usage parmi ces peuples, savoir de crosse, de plat et de paille, les deux premiers sont tout à fait, disent-ils, souverain pour la santé. [ la crosse se joue à l'extérieur avec une balle et un bâton à l'extrémité recourbée et munie d'un filet. C'est un sport d'équipe particulièrement rude. Il en existe une version qu'on trouve dans certains collèges jésuites]

Sur le chemin des Hurons à Québec, il y a des rochers qu'ils respectent particulièrement et auxquels ils ne manquent jamais, quand ils descendent pour la traite, d'offrir du pétun. Ils appellent l'un Huhihouray, c'est-à-dire une roche où le chat-huant a fait son nid. Mais le plus célèbre est celui qu'ils appellent : Tsanhohi Arasta, la demeure de Tsanhohi qui est une espèce d'oiseau de proie.

Ils ont une lettre dont nous n'avons pas la pareille, nous l'exprimons par "khi"; l'usage en est commun aux Montagnais et Algonquins. Ils ne connaissent point de B, F, L, M, P, X, Z et jamais I et V ne leurs sont consonnes. La plupart de leurs mots sont composés de voyelles. Toutes les lettres labiales leur manquent; c'est volontiers la cause qu'ils ont tous les lèvres ouvertes de si mauvaise grâce et qu'à peine ...

Les fruits mêmes, selon la saison pourvu que la saison soit un peu favorable, ne nous manquent point: les fraises, les framboises et les mûres y sont en telle quantité qu'il n'est pas croyable. Nous y cueillons force raisin, et assez bons; les citrouilles nous durent quelquefois les 4 et 5 mois, mais en telle abondance qu'elles se donnent presque poir rien et si bonnes, qu'étant cuites dans les cendres, elles se ...

Exposant aux parents de Louis le commandement de ne point dérober et disant qu'en France, on faisait mourir les larrons, son père demanda si, devenant capitaine, il les feraient aussi mourir. Et Louis de répartir que le pays serait bientôt dépeuplé car il faudrait tout tuer, un Huron et un larron étant presque la même chose.

Tous approuvaient et goûtaient grandement les vérités chrétiennes et tant s'en faut qu'ils jugeassent aucun des commandements de Dieu difficiles, que même ils les trouvaient faciles. La continence conjugale et l'indissolubilité du mariage leur semblaient devoir plus empêcher le progrès de l'Évangile et, en effet, ce sera entre autre une pierre d'achoppement.

Il y a vingt bourgades qui disent environ 30 000 âmes, sous une même langue et encore assez facile pour qui a quelque maître. Elle a distinction de genre, de nombre, de temps, de personne, de mode, et un mot très parfaite et très accomplie contre la pensée de plusieurs. Ce qui me réjouis, c'est qu'elle est commune à douze autres nations, toutes sédentaires et nombreuses; savoir est aux ...

Vous pouvez vous loger où vous voulez car cette nation, entre toute autre, est fort hospitalière envers toutes sortes de personnes, même envers les étrangers, et vous y demeurez tant qu'il vous plaît, toujours bien traités à la façon du pays. Et au partir de là, vous en voilà quitte pour un ho, ho, ho, outéci ou un grand merci, au moins par entre eux car, des Français, ils attendent quelque récompense, à ...

Il ne faut quelquefois qu'un mot, quelquefois qu'un songe, quelque fantaisie ou la moindre pensée d'incommodité pour faire dégrader ou mettre à terre, j'ose dire pour faire massacrer un homme, ainsi qu'il arriva l'an passé à un pauvre Algonquin qui fut abandonné à un saut par son propre neveu. Et il n'y a pas un mois qu'un pauvre jeune homme, aussi Algonquin, étant tombé dans le feu, fut tué dans notre village par...

Souvent il faut jeûner si l'on vient à perdre les caches qur l'on a fait en descendant et, quand on les retrouve, on ne laisse pas d'avoir bon appétit après s'y être traité, car le manger ordinaire n'est qu'un peu de blé d'Inde cassé assez grossièrement entre deux pierres et, quelquefois, tout entier dans de l'eau pure. Cela n'est pas de grand goût. Quelquefois, on a du poisson mais c'est hasard.

La guerre entre les Iroquois et les Hurons prend de plus en plus d'importance. La traite des fourrures est menacée et l'alliance avec les Hurons exige une réponse française. Jean de Brébeuf souhaite que la guerre soit déclarée officiellement contre les Iroquois et contre leurs alliés, les Hollandais. Il en fera la demande au général des jésuites, afin qu'il intervienne à la Cour de France.

La stratégie missionnaire développée par Brébeuf ne donne pas les résultats escomptés. Les Hurons s'avèrent tolérants au christianisme et ne sentent pas du tout le besoin de changer de religion. Bien plus, des Indiens qui ont voyagé ou vécu en France reviennent très rapidement à leur mode de vie d'origine, bien contents de se debarasser d'un ensemble de coutumes qu'ils jugent stupides.