Les origines de la fièvre violette
Sérendipité :Découverte heureuse d’une chose totalement inattendue et d’importance capitale, souvent alors qu’on cherchait autre chose.
Parfois, en écriture, le hasard nous fait des cadeaux qui tombent juste à point et qui règlent un pan de notre histoire sans qu’on s’y attende. C’est une des choses qui me fascinent et que j’aime le plus dans ce métier : la sérendipité.
Quand j’ai introduit la fièvre violette dans Amblystome, je souhaitais présenter une maladie qui ne ressemblait à aucune de celles qui sont connues. Puisque l’environnement y est fort différent du nôtre et qu’une faune et une flore étrangère y ont élu domicile, il me semblait normal que de nouveaux virus y voient le jour.
En discutant avec une médecin spécialisée en santé publique et dont le champ d’expertise se situait justement en épidémiologie, j’ai constaté qu’il existait beaucoup de maladies hémorragiques (nous en avons eu un bel exemple avec l’épidémie d’ebola dernièrement), mais aucune maladie qui causait la coagulation extrême du sang. J’ai alors emprunté cette piste.
Mais encore fallait-il trouver un moyen naturel et accessible de guérir ou de soulager cette affection. J’aurais pu décider d’inventer une plante ou un élément de la néo-flore qui aurait miraculeusement remis tout le monde en santé. Ça me semblait un peu trop facile et peu crédible étant donné les réactions violentes que cause la consommation de viande de néo-animaux chez une grande partie des humains.
J’ai laissé mijoter ces questions un moment, me disant que je mettrais mon remède au point plus tard. Puis, à ce moment, je me suis tapé l’excellente série Apocalypse, qui traite notamment de la Deuxième Guerre mondiale. Après avoir regardé cette série d’émissions, j’ai effectué quelques recherches sur Staline; cet homme m’intéressait en particulier à cause de son profil de dictateur, qui m’a aidé à forger la personnalité d’Uthmer. J’ai découvert que selon certaines théories, il aurait été empoisonné à la warfarine ou, en termes plus familiers, à la mort aux rats. Or, cette substance de la famille de la coumarine est un puissant anticoagulant qui finit par tuer les rongeurs, qui meurent alors d’hémorragie. J’ai donc poussé mes recherches pour savoir d’où venait ce poison.
Au début des années 1920, une étrange maladie – encore jamais vue – s’est développée chez des bovins du nord des États-Unis et du Canada. Les animaux mouraient d’hémorragie à la suite d’opérations mineures, de minuscules blessures ou encore sans raison. Un vétérinaire canadien, Frank Schofield, a découvert en 1921 que du mélilot avait fermenté dans le foin servi aux bêtes et que la maladie avait de fortes chances de provenir de là. Comme Sauren Uthmer avec ses expériences sur différents animaux, le vétérinaire avait commencé son étude en donnant à certains lapins des plants de mélilot sain – qui n’ont eu aucun effet secondaire –, et des plants corrompus à d’autres – qui sont tous morts d’hémorragie.
Les chercheurs de l’époque ont mis plusieurs années à isoler l’agent anticoagulant qui sera plus tard nommé dicoumarol, dont on fabriquera plusieurs dérivés par la suite. Aujourd’hui, ceux-ci sont toujours utilisés pour empoisonner la vermine, mais aussi pour soigner différentes maladies en clarifiant le sang.
Et moi, grâce à cette découverte, j’ai pu créer un remède réaliste et potentiel pour traiter la fièvre violette. N’est-ce pas beau, le hasard?
Série Apocalypse :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Apocalyp...
http://apocalypse.france2.fr/
Staline :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_S...
La warfarine (article plus complet en anglais) :
http://en.wikipedia.org/wiki/Warfarin
Le mélilot :
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9l...
Empoisonnement au mélilot :
http://www.cbif.gc.ca/fra/banque-d-es...
http://www.jbc.org/content/280/8/e5 (article en anglais)
Parfois, en écriture, le hasard nous fait des cadeaux qui tombent juste à point et qui règlent un pan de notre histoire sans qu’on s’y attende. C’est une des choses qui me fascinent et que j’aime le plus dans ce métier : la sérendipité.
Quand j’ai introduit la fièvre violette dans Amblystome, je souhaitais présenter une maladie qui ne ressemblait à aucune de celles qui sont connues. Puisque l’environnement y est fort différent du nôtre et qu’une faune et une flore étrangère y ont élu domicile, il me semblait normal que de nouveaux virus y voient le jour.
En discutant avec une médecin spécialisée en santé publique et dont le champ d’expertise se situait justement en épidémiologie, j’ai constaté qu’il existait beaucoup de maladies hémorragiques (nous en avons eu un bel exemple avec l’épidémie d’ebola dernièrement), mais aucune maladie qui causait la coagulation extrême du sang. J’ai alors emprunté cette piste.
Mais encore fallait-il trouver un moyen naturel et accessible de guérir ou de soulager cette affection. J’aurais pu décider d’inventer une plante ou un élément de la néo-flore qui aurait miraculeusement remis tout le monde en santé. Ça me semblait un peu trop facile et peu crédible étant donné les réactions violentes que cause la consommation de viande de néo-animaux chez une grande partie des humains.
J’ai laissé mijoter ces questions un moment, me disant que je mettrais mon remède au point plus tard. Puis, à ce moment, je me suis tapé l’excellente série Apocalypse, qui traite notamment de la Deuxième Guerre mondiale. Après avoir regardé cette série d’émissions, j’ai effectué quelques recherches sur Staline; cet homme m’intéressait en particulier à cause de son profil de dictateur, qui m’a aidé à forger la personnalité d’Uthmer. J’ai découvert que selon certaines théories, il aurait été empoisonné à la warfarine ou, en termes plus familiers, à la mort aux rats. Or, cette substance de la famille de la coumarine est un puissant anticoagulant qui finit par tuer les rongeurs, qui meurent alors d’hémorragie. J’ai donc poussé mes recherches pour savoir d’où venait ce poison.
Au début des années 1920, une étrange maladie – encore jamais vue – s’est développée chez des bovins du nord des États-Unis et du Canada. Les animaux mouraient d’hémorragie à la suite d’opérations mineures, de minuscules blessures ou encore sans raison. Un vétérinaire canadien, Frank Schofield, a découvert en 1921 que du mélilot avait fermenté dans le foin servi aux bêtes et que la maladie avait de fortes chances de provenir de là. Comme Sauren Uthmer avec ses expériences sur différents animaux, le vétérinaire avait commencé son étude en donnant à certains lapins des plants de mélilot sain – qui n’ont eu aucun effet secondaire –, et des plants corrompus à d’autres – qui sont tous morts d’hémorragie.
Les chercheurs de l’époque ont mis plusieurs années à isoler l’agent anticoagulant qui sera plus tard nommé dicoumarol, dont on fabriquera plusieurs dérivés par la suite. Aujourd’hui, ceux-ci sont toujours utilisés pour empoisonner la vermine, mais aussi pour soigner différentes maladies en clarifiant le sang.
Et moi, grâce à cette découverte, j’ai pu créer un remède réaliste et potentiel pour traiter la fièvre violette. N’est-ce pas beau, le hasard?
Série Apocalypse :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Apocalyp...
http://apocalypse.france2.fr/
Staline :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_S...
La warfarine (article plus complet en anglais) :
http://en.wikipedia.org/wiki/Warfarin
Le mélilot :
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9l...
Empoisonnement au mélilot :
http://www.cbif.gc.ca/fra/banque-d-es...
http://www.jbc.org/content/280/8/e5 (article en anglais)
Published on August 24, 2015 13:04
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