Dépassement. Détournement.

Finalement, en regardant dans le rétro, mon approche de la technologie a toujours été le dépassement. Accompagné d'une systématique dose de détournement. Peut être peut-on y lire une part geek de ma personnalité. J'y verrai davantage un côté artisan.
Mon premier ordinateur fut un TO7-70. De seconde main bien évidemment. Je me souviens encore parcourir des pages et des pages d'un manuel d'assembleur (sans rien vraiment y comprendre...) pour réaliser des trucs hors normes sur ce dinosaure.
Avec mon second ordinateur, l'Amstrad CPC 464 (généreusement offert par un professeur de maths, merci encore à toi Christophe!), j'ai vécu une plus belle histoire encore. Je me souviens avoir révisé mon brevet à partir de leçons entrées dans un programme en BASIC fait maison.
Avec cet Amstrad je me souviens avoir aussi toujours cherché à dépasser ses limitations. D'autant que tous les copains avaient des machines bien plus puissantes! Et il se trouve que j'ai gardé cet Amstrad pendant au moins sept ans. J'en ai réparé des courroies de lecteur de disquettes 3 pouces!
Toujours fidèle à Amstrad... ainsi qu'au don, j'ai ensuite eu un PC Amstrad 5286. Comme son nom l'indique avec un processeur 80286. Accompagné d'un rutilant mega de ram et de 20 Mo de disque dur. Pendant trois années alors que monde informatique roulait au rythme des premiers Pentium, je tâchais de faire cette machine un espace de création autant que de bricolage. Cet ordinateur en a vu passer des systèmes d'exploitation hihihi.
Puis l'heure du Mac du venue avec, en 1997, ma première machine pommée : un Mac Classic (toujours de seconde main of course, payé avec l'une de mes premières paies de libraire). Je crois que cette machine fut un condensé de tous les embryons d'audace à venir. "Comment faire cela avec une machine si limitée?" Une question récurrente pour des dépassements constants.
Petit bon jusqu'à 2010 avec la sortie de l'iPad.
Les limites de cette machine étaient aussi évidentes que ses forces. Mais je crois qu'une partie de moi adorait les premières. Pour les dépasser. Détourner des apps de leur fonction première et dépasser le camion (aka l'ordinateur de bureau) : voilà deux véritables jeux auxquels je me suis activement prêté durant trois années.
J'écrivais dans mon précédent billet que je n'utilisais presque plus l'iPad. En effet, l'iPad Air a marqué une sorte de rupture. Autant qu'une lassitude. Je passe volontiers sur les pertes de données provoquées par les bugs d'iOS 8 et du iCloud Drive. Le problème de fond est que je n'avais plus grand chose à détourner. Et que le dépassement était devenu inutile. La mue de l'iPad en iPad Pro le confirme : la tablette se transforme progressivement en PC.
Si je m'amuse autant avec la vénérable kindle fire de 2012 ou la Fire HD6, c'est peut-être que je retrouve avec ces machines le goût d'aller avec là où les concepteurs ne l'ont pas imaginé.
Je pense notamment aux fonctions liées à Whispersync. J'ai rapidement trouvé là, quand j'étais encore en classe, un moyen dix mille fois plus élégant et rapide de déployer du contenu que d'utiliser iCloud, iTunes ou tout autre MDM.
Dépasser les limites, c'est aussi faire du "less is more" un mantra quotidien. Détourner les objets technologiques c'est ce les approprier. Les faire siens comme de véritables analogons.
PS : deux billets en deux jours, c'est Noël...
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