Norme Quotes

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Georges Canguilhem
“Dans l'ordre du normatif, le commencement c'est l'infraction. [...] La condition de possibilité des règles ne fait qu'un avec la condition de possibilité de l'expérience des règles. L'expérience des règles c'est la mise à l'épreuve, dans une situation d'irrégularité, de la fonction régulatrice des règles.”
Georges Canguilhem, The Normal and the Pathological

Georges Canguilhem
“Nous pensons avec Leriche que la santé c'est la vie dans le silence des organes, que par suite le normal biologique n'est, comme nous l'avons déjà dit, révélé que par les infractions à la norme et qu'il n'y a de conscience concrète ou scientifique de la vie que par la maladie. Nous pensons avec Sigerist que « la maladie isole », et que même si « cet isolement n'éloigne pas des hommes, mais rapproche au contraire ces derniers du malade » aucun malade perspicace ne peut ignorer les renoncements et limitations que s'imposent les hommes sains pour se rapprocher de lui. Nous pensons avec Goldstein que la norme en matière de pathologie est avant tout une norme individuelle. Nous pensons en résumé que considérer la vie comme une puissance dynamique de dépassement, à la façon de Minkowski, c'est s'obliger à traiter identiquement l'anomalie somatique et l'anomalie psychique.”
Georges Canguilhem, The Normal and the Pathological

Georges Canguilhem
“La physiologie moderne se présente comme un recueil canonique de constantes fonctionnelles en rapport avec des fonctions de régulation hormonales et nerveuses. Ces constantes sont qualifiées de normales en tant qu'elles désignent des caractères moyens et les plus fréquents de cas pratiquement observables. Mais elles sont aussi qualifiées de normales parce qu'elles entrent à titre d'idéal dans cette activité normative qu'est la thérapeutique. Les constantes physiologiques sont donc normales au sens statistique qui est un sens descriptif et au sens thérapeutique qui est un sens normatif. Mais il s'agit de savoir si c'est la médecine qui convertit – et comment ? – en idéaux biologiques des concepts descriptifs et purement théoriques, ou bien si la médecine, en recevant de la physiologie la notion de faits et de coefficients fonctionnels constants, ne recevrait pas aussi, probablement à l'insu des physiologistes, la notion de norme au sens normatif du mot. Et il s'agit de savoir si, ce faisant, la médecine ne reprendrait pas à la physiologie ce qu'elle-même lui a donné.”
Georges Canguilhem, The Normal and the Pathological

Georges Canguilhem
“Au fond, il peut y avoir pour un infirme une activité possible et un rôle social honorable. Mais la limitation forcée d'un être humain à une condition unique et invariable est jugée péjorativement, par référence à l'idéal normal humain qui est l'adaptation possible et voulue à toutes les conditions imaginables. C'est l'abus possible de la santé qui est au fond de la valeur accordée à la santé, comme, selon Valéry, c'est l'abus du pouvoir qui est au fond de l'amour du pouvoir. L'homme normal c'est l'homme normatif, l'être capable d'instituer de nouvelles normes, même organiques. Une norme unique de vie est ressentie privativement et non positivement.”
Georges Canguilhem, The Normal and the Pathological

Georges Canguilhem
“Ce que Goldstein a révélé chez ses malades c'est l'instauration de nouvelles normes de vie par une réduction du niveau de leur activité, en rapport avec un milieu nouveau mais rétréci. Le rétrécissement du milieu, chez les malades atteints de lésions cérébrales, répond à leur impuissance à répondre aux exigences du milieu normal, c'est-à-dire antérieur. En milieu non sévèrement abrité, ces malades ne connaîtraient que des réactions catastrophiques ; or pour autant que le malade ne succombe pas à la maladie, son souci est d'échapper à l'angoisse des réactions catastrophiques. D'où la manie de l'ordre, la méticulosité de ces malades, leur goût positif de la monotonie, leur attachement à une situation qu'ils savent pouvoir dominer. Le malade est malade pour ne pouvoir admettre qu'une norme. Pour employer une expression qui nous a déjà beaucoup servi, le malade n'est pas anormal par absence de norme, mais par incapacité d'être normatif.”
Georges Canguilhem, The Normal and the Pathological

Georges Canguilhem
“L'état pathologique ou anormal n'est pas fait de l'absence de toute norme. La maladie est encore une norme de vie, mais c'est une norme inférieure en ce sens qu'elle ne tolère aucun écart des conditions dans lesquelles elle vaut, incapable qu'elle est de se changer en une autre norme.”
Georges Canguilhem, The Normal and the Pathological

Georges Canguilhem
“Il n'y a pas de désordre, il y a substitution à un ordre attendu ou aimé d'un autre ordre dont on n'a que faire ou dont on a à souffrir.”
Georges Canguilhem, The Normal and the Pathological

Georges Canguilhem
“La vie ne connaît pas la réversibilité. Mais si elle n'admet pas le rétablissement, la vie admet des réparations qui sont vraiment des innovations physiologiques. La réduction plus ou moins grande de ces possibilités d'innovation mesure la gravité de la maladie. Quant à la santé, au sens absolu, elle n'est pas autre chose que l'indétermination initiale de la capacité d'institution de nouvelles normes biologiques.”
Georges Canguilhem, The Normal and the Pathological

Georges Canguilhem
“La santé c'est une marge de tolérance des infidélités du milieu.”
Georges Canguilhem, The Normal and the Pathological

Georges Canguilhem
“La santé est une façon d'aborder l'existence en se sentant non seulement possesseur ou porteur, mais aussi au besoin, créateur de valeur, instaurateur de normes vitales.”
Georges Canguilhem, The Normal and the Pathological

Georges Canguilhem
“Nous pouvons dire qu'en matière biologique, c'est le pathos qui conditionne le logos parce qu'il l'appelle. C'est l'anormal qui suscite l'intérêt théorique pour le normal. Des normes ne sont reconnues pour telles que dans des infractions. Des fonctions ne sont révélées que par leur ratés. La vie ne s'élève à la conscience et à la science d'elle-même que par l'inadaptation, l'échec et la douleur.”
Georges Canguilhem, The Normal and the Pathological

Georges Canguilhem
“Le propre d'un objet ou d'un fait dit normal, par référence à une norme externe ou immanente, c'est de pouvoir être, à son tour, pris comme référence d'objets ou de faits qui attendent encore de pouvoir être dits tels. Le normal c'est donc à la fois l'extension et l'exhibition de la norme. Il multiplie la règle en même temps qu'il l'indique. Il requiert donc hors de lui, à côté de lui et contre lui, tout ce qui lui échappe encore. Une norme tire son sens, sa fonction et sa valeur du fait de l'existence en dehors d'elle de ce qui ne répond pas à l'exigence qu'elle sert.”
Georges Canguilhem, The Normal and the Pathological

Georges Canguilhem
“Une norme, dans l'expérience anthropologique, ne peut être originelle. La règle ne commence à être règle qu'en faisant règle et cette fonction de correction surgit de l'infraction même. Un âge d'or, un paradis, sont la figuration mythique d'une existence initialement adéquate à son exigence, d'un mode de vie dont la régularité ne doit rien à la fixation de la règle, d'un état de non-culpabilité en l'absence d'interdit que nul ne fût censé ignorer. Ces deux mythes procèdent d'une illusion de rétroactivité selon laquelle le bien originel c'est le mal ultérieur contenu. À l'absence de règles fait pendant l'absence de techniques. L'homme de l'âge d'or, l'homme paradisiaque, jouissent spontanément des fruits d'une nature inculte, non sollicitée, non forcée, non reprise. Ni travail, ni culture, tel est le désir de régression intégrale. Cette formulation en termes négatifs d'une expérience conforme à la norme sans que la norme ait eu à se montrer dans sa fonction et par elle, ce rêve proprement naïf de régularité en l'absence de règle signifie au fond que le concept de normal est lui-même normatif, il norme même l'univers du discours mythique qui fait le récit de son absence.”
Georges Canguilhem, The Normal and the Pathological

Aurélie Valognes
“En France, il y a un énorme poids de la norme, de l’étiquette, de la case dans laquelle il faut entrer et qu’il faut respecter pour toujours. Ne surtout pas sortir du rang, ne pas faire de vagues, ne pas rêver trop fort. Ce que l’on est en droit d’accomplir semble déjà être prédéterminé selon qui l’on est, qui sont nos parents et d’où l’on vient. C’est quelque chose qui m’a toujours paru très détestable. C’est une véritable oppression. Beaucoup de gens feraient des choix différents si on leur donnait la possibilité de se réinventer, d’être eux-mêmes multifacettes, mais en France on n’a pas le droit. La société, la famille, tout le monde sait mieux que vous ce que vous devez faire, qui vous êtes censé être. On a assez de cases dans la société pour ne pas en ajouter en littérature.”
Aurélie Valognes, La Lignée