Félix Tremblay

Add friend
Sign in to Goodreads to learn more about Félix.


Au coeur de la ra...
Rate this book
Clear rating

 
8 Rules of Love: ...
Rate this book
Clear rating

progress: 
 
  (page 95 of 352)
Dec 06, 2023 02:09PM

 
Le deuil impossib...
Rate this book
Clear rating

 
See all 7 books that Félix is reading…
Loading...
Lou Andreas-Salomé
“Un deuil ne se borne pas, comme on le dit souvent, à envahir les sentiments ; il consiste plutôt en une fréquentation ininterrompue du disparu, comme si ce dernier devenait plus proche. Car la mort ne le rend pas seulement invisible : elle le rend aussi plus accessible à notre regard. Elle nous le vole, mais elle le complète également d'une manière inédite. Dès le moment qui fige pour nos yeux ces contours mouvants qui traduisaient l'action et les changements constants d'une physionomie, celle-ci nous révèle souvent pour la première fois sa quintessence, l'élément que le déroulement de l'existence ne nous donnait pas le loisir de percevoir totalement.

Et cette nouvelle connaissance prend la forme d'une expérience spontanément partagée comme au temps du contact personnel, elle ne résulte pas d'un effort de pensée délibéré, animé par le désir de célébrer le défunt ou de trouver consolation. Cette appropriation passionnée, cette découverte pour la première fois possible, nulle diversion, nulle autre impression de notre vie ne peut la détourner de son cours, il suffit d'écouter le message qui nous parvient de ces lèvres muettes : « Écoute ce vent qui souffle! la nouvelle ininterrompue qui se forme dans le silence. »

C'est ce qui m'est arrivé durant cet hiver 1926-1927 que Rainer Maria Rilke, dans une lettre écrite de son lit de mort, appelait « un mauvais vent qui souffle ». Alors la bouleversante différence entre survivre et mourir devint mineure. Irrésistiblement s'imposa la constatation que toute relation humaine tient à la force que nous lui consacrons : toutes ne sont-elles pas, et bien souvent les plus chères, des signes et des images de nos tout premiers élans amoureux, qui nous ont appris à aimer, avant même leur propre naissance? - de même que les nuages de l'est brillent grâce au rayonnement du soleil qui se couche à l'ouest. De leur vivant, nous distinguons mal ceux auxquels nous sommes unis avec le plus d'éclat - d'un éclat qui ne peut cesser de rayonner. Il y a une part de notre amour qui reste enfermée dans le cercueil, celle que nous pleurons et dont la perte nous endeuille le plus ; et l'autre, qui continue à vivre et à réagir à tout ce qui nous arrive, en dialogue, une part qui semble toujours sur le point de redevenir réalité, parce qu'elle touche à ce qui nous réunit éternellement avec la vie et la mort.”
Lou Andreas-Salomé, Rainer Maria Rilke

Yvon Rivard
“Longtemps après avoir troqué balles et bâtons contre livres et stylos, j'allais conserver la nostalgie non seulement de ce qui aurait pu être (« Tous mes scribouillages pour une heure sur la glace jadis glorieuse du Forum ou sur les verts paradis de Wimbledon ! ») mais surtout de ce qui fut peut-être mon expérience la plus totale de la passion. Je devine aisément ce que sociologues et psychanalystes pourraient tirer de cet aveu [...]. En effet, comment interpréter autrement que par une volonté de mort cette dépense effrénée d'énergie, cette pratique quasi religieuse de l'épuisement ? Le sport m'aura donné ce que d'autres demandent aux drogues ou aux amours meurtrières : la dissolution du Moi dans la violence du plaisir, la prolifération de l'être dans le temps enfin lézardé, la souveraineté de l'instant. Voilà bien le seul et véritable péché que mes confesseurs n'aient jamais entendu et à côté duquel les traditionnels écarts de la chair semblent de bien innocentes transgressions ! [...] À chacun ses extases, et je remercie le ciel de m'avoir fait naître à une époque et dans un milieu qui ne condamnaient que les frasques du samedi soir et la lecture de Zola. Ça ne fait pas des amants et des visionnaires très forts, me direz-vous. À cela je réponds bien modestement qu'« il vaut mieux périr dans sa propre loi, même imparfaite, que dans la loi d'autrui, même bien appliquée ». J'aurais bien aimé venir à la littérature par des voies plus prestigieuses (la crucifixion en rose de Miller ou le dérèglement raisonné de Rimbaud), mais, après tout, les chemins qui ne mènent nulle part ne peuvent-ils pas commencer n'importe où ?”
Yvon Rivard

Jean Giono
“Ce matin, c’est le grand gel et le silence. C’est le silence, mais le vent n’est pas bien mort ; il ondule encore un peu ; il bat encore un peu de la queue contre le ciel dur. Il n’y a pas encore de soleil. Le ciel est vide ; le ciel est tout gelé comme un linge étendu.”
Jean Giono, Regain

Annie Ernaux
“Tout ce qui se trouvait dans les maisons avait été acheté avant la guerre. Les casseroles étaient noircies, démanchées, les cuvettes désémaillées, les brocs percés, colmatés avec des pastilles vissées dans le trou. Les manteaux étaient retapés, les cols de chemise retournés, les vêtements du dimanche passés au tous-les-jours. Qu'on n'arrête pas de grandir désespérait les mères, obligées de rallonger les robes d'une bande de tissu, d'acheter des chaussures une pointure au-dessus, trop petites un an après. Tout devait faire de l'usage, le plumier, la boîte de peintures Lefranc et le paquet de petits-beurre Lu. Rien ne se jetait. Les seaux de nuit servaient d'engrais au jardin, le crottin ramassé dans la rue après le passage d'un cheval à l'entretien des pots de fleurs, le journal à envelopper les légumes, sécher l'intérieur des chaussures mouillées, s'essuyer aux cabinets.

On vivait dans la rareté de tout. Des objets, des images, des distractions, des explications de soi et du monde, limitées au catéchisme et aux sermons de carême du père Riquet, aux dernières nouvelles de demain proférées par la grosse voix de Geneviève Tabouis, aux récits des femmes racontant leur vie et celle de leurs voisins l'après-midi autour d'un verre de café. Les enfants croyaient longtemps au Père Noël et aux bébés trouvés dans une rose ou un chou.

Les gens se déplaçaient à pied ou à bicyclette d'un mouvement régulier, les hommes les genoux écartés, le bas du pantalon resserré par des pinces, les femmes les fesses
contenues dans la jupe tendue, traçant des lignes fluides dans la tranquillité des rues. Le silence était le fond des choses et le vélo mesurait la vitesse de la vie.”
Annie Ernaux, Les Années

Albert Camus
“Je suis content de te savoir brune et dorée. Fais-toi belle, souris, ne te laisse pas aller. Je veux que tu sois heureuse. Tu n'as jamais été plus belle que ce soir où tu m'as dit que tu étais heureuse (tu te souviens, avec ton amie). Je t'aime de beaucoup de façons, mais surtout comme cela - avec le visage du bonheur et cet éclat de la vie qui me bouleverse toujours. Je ne suis pas fait pour aimer dans le rêve, mais du moins je sais reconnaître la vie où elle se trouve - et je crois que je l'ai reconnue ce premier jour où dans le costume de Deirdre tu parlais, par-dessus ma tête, à je ne sais quel amant impossible. »”
Albert Camus

220 Goodreads Librarians Group — 304011 members — last activity 0 minutes ago
Goodreads Librarians are volunteers who help ensure the accuracy of information about books and authors in the Goodreads' catalog. The Goodreads Libra ...more
year in books
Audrey ...
180 books | 16 friends

Félix V...
459 books | 69 friends

Ange
225 books | 5 friends

Pascal-...
323 books | 65 friends

Sandrin...
531 books | 52 friends

Sepehr
495 books | 53 friends

Noémie ...
10 books | 3 friends

Maude B...
163 books | 19 friends

More friends…

Favorite Genres



Polls voted on by Félix

Lists liked by Félix