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« La littérature nous guérit de notre égotisme » - R Rorty

Renforcement du mouvement en réaction aux régimes totalitaires qui utilisent l’art pour servir l’idéologie

Ce sont les débuts de l’abstraction en peinture, des inventions futuristes en poésie. On demande à l’art d’oublier le monde et de n’obéir qu’à ses propres lois.

Ce n’est qu’au 20e siècle que se produit la rupture décisive. Désormais un abîme se creuse entre littérature de masse, en prise avec la vie quotidienne de ses lecteurs, et littérature d’élite, lue par les professionnels. D’un côté le succès commercial, de l’autre les qualités purement artistiques.

L’art interprète le monde et donne forme à l’informe. Turner n’a pas inventé le brouillard de Londres mais a été le premier à l’avoir perçu en lui-même. Balzac crée ses personnages mais ils s’introduisent dans la société contemporaine.

(Conception romantique de l’art qui reste lié au monde et pas totalement autonomes, « l’art pour l’art » rester une formule exagéré).

A mettre en relation avec la conception kantienne du beau : le beau est désintéressé et en même temps un symbole de la moralité. Il ne peut être établi objectivement car il provient d’un jugement de goût et réside donc dans la subjectivité du spectateur. Mais il peut être reconnu à l’harmonie des éléments de l’œuvre et faire l’objet d’un consensus (Critique de la faculté de juger).

quand on passe de la perspective de production à celle de réception, on accroît la distance qui sépare l’œuvre du monde dont elle parle. L’artiste cesse de produire pour un mécène qui lui fait des commandes et destine ses œuvres à un public qui les lui achète - c’est désormais lui qui a les clés de son succès.

Au 17e et 18e siècles, la contemplation esthétique, le jugement de goût, le sens du beau seront érigés en entités autonomes. Ce qu’il y’a de révolutionnaire, c’est qu’on abandonne la perspective du créateur pour adopter celle du récepteur. L’artisan s’oppose à l’artiste, l’un créant des objets utilitaires, l’autre des objets à contempler pour le seul plaisir esthétique.