Maria C ’s Reviews > L'Étranger > Status Update
Maria C
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« De ce jour-là, j’ai senti que j’étais chez moi dans ma cellule et que ma vie s’y arrêtait. Le jour de mon arrestation, on m’a d’abord enfermé dans une chambre où il y avait déjà plusieurs détenus, la plupart des Arabes. Ils ont ri en me voyant. Puis ils m’ont demandé ce que j’avais fait. J’ai dit que j’avais tué un Arabe et ils sont restés silencieux. »
[ NP : du rire au silence, la tension coloniale. ]
— Dec 12, 2025 11:32AM
[ NP : du rire au silence, la tension coloniale. ]
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Maria ’s Previous Updates
Maria C
is on page 73 of 184
« Messieurs les Jurés, le lendemain de la mort de sa mère, cet homme prenait des bains, commençait une liaison irrégulière, et allait rire devant un film comique. Je n’ai rien de plus à vous dire. »
« Mais mon avocat, à bout de patience, s’est écrié : “Enfin, est‑il accusé d’avoir enterré sa mère ou d’avoir tué un homme ?” Le public a ri. »
— Dec 14, 2025 07:28AM
« Mais mon avocat, à bout de patience, s’est écrié : “Enfin, est‑il accusé d’avoir enterré sa mère ou d’avoir tué un homme ?” Le public a ri. »
Maria C
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[..] Il avait l’intention d’installer un bureau à Paris et il voulait savoir si j’étais disposé à y aller. Il m’a demandé alors si je n’étais pas intéressé par un changement de vie. J’ai répondu qu’on ne changeait jamais de vie, [...] Quand j’étais étudiant, j’avais beaucoup d’ambitions de ce genre. Mais quand j’ai dû abandonner mes études, j’ai très vite compris que tout cela était sans importance réelle .
— Dec 11, 2025 02:46AM
Maria C
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« Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte.
Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et
tout aura revêtu une allure plus officielle. »
— Dec 09, 2025 04:15AM
Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et
tout aura revêtu une allure plus officielle. »
Maria C
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« Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte.
Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et
tout aura revêtu une allure plus officielle. »
— Dec 09, 2025 04:15AM
Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et
tout aura revêtu une allure plus officielle. »
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À-propos, tu sais la scène avec Gad, quand il marchait dans la rue, et un homme l'a reconnu ? Ce gars-là était en train de parler au téléphone. Il voit Gad, le reconnait tout de suite, mais au lieu de raccrocher son portable, il lui fait juste un petit signe de la main, genre " attends une seconde ! " , et continue sa conversation. Et Gad reste là, à attendre.. Puis, après quelques minutes, le gars termine son appel, revient vers lui tout naturellement,
et lui demande un autographe 🤣🤣🤣
Bonjour, Théo ! Cet épisode avec Gad est vraiment trop drôle… ah ah… Il y a des passages étonnamment drôles dans L’Étranger. La sincérité de Meursault devient presque comique, et ce qu’on prend pour de l’insolence, au fond, c’est simplement sa manière d’être. On dirait quelqu’un qui ne perçoit pas — ou ne se soucie pas — des conventions sociales.
Une fois de plus, une remarque brillante, Maria ! Prenons l'exemple de l'enterrement de sa mère - quand on lui demande s'il aimait sa mère, il répond " Oui, comme tout le monde ". C'est d'un honnêteté brute, presque enfantine. C'est là que naît l'ironie comique - il ne cherche pas à choquer, mais il choque quand-même.
« ALBERT CAMUS À MARIA CASARÈS24 août [1948]
Il est tard. Je m’arrête dans mon travail, pressé par le besoin de t’écrire. Trop de choses s’agitent en moi et je voudrais pouvoir te les dire, ce soir, toi devant moi, la nuit à nous, dans une longue conversation. Je ne t’ai jamais, ou rarement, parlé de mon travail. Aussi bien, je n’en ai parlé à personne.
Personne ne sait exactement ce que je veux faire. Et pourtant j’ai
d’immenses projets. Si ambitieux, que la tête m’en tourne quelquefois. Je ne puis t’en parler ici. Je le ferai si tu me le demandes. Mais ce que je puis te dire c’est qu’avec la pièce que je suis en train d’écrire et l’essai que j’achèverai ensuite, je termine une partie de mon œuvre1, qui devait me servir à apprendre mon métier et surtout à déblayer le terrain pour ce qui va suivre.
Depuis L’Étranger, qui était le premier de la série, j’ai mis près de dix ans pour arriver là. Dans mon plan, cela demandait cinq ans. Mais il y a eu la guerre et surtout ma vie personnelle. Dans quelques mois, il faudra que j’entame un nouveau cycle, plus libre, moins contrôlé, plus important aussi.
Si je continue au rythme qui a été le mien, il me faudrait deux vies pour faire ce que j’ai à faire (tout n’est pas prévu, ne bondis pas, mais les sujets, les grandes lignes…). Par bonheur, ce nouveau départ coïncide à peu près avec notre rencontre. Et je ne me suis jamais senti aussi plein de forces et de vie. La joie grave qui m’emplit soulèverait le monde. Tu m’aides sans le savoir. Si tu savais, tu m’aiderais encore plus. C’est en cela aussi que j’ai
besoin de ton aide. Et je le sentais si fort ce soir, qu’il m’a semblé que je devais te le dire. Sûr de toi, mêlés l’un à l’autre, il me semble que je pourrais accomplir ce que j’ai en tête, de façon ininterrompue. Je rêve de la fécondité dont j’ai besoin, … elle seule pourrait me mener où je veux aller.
Mon chéri, comprends-tu pourquoi je me sens un cœur ivre ce soir et quelle place tu y tiens maintenant.
Peut-être ai-je tort de t’écrire cela qui prend un air idiot à être dit sans précautions. Mais peut-être aussi comprends-tu ce que je veux dire. Qui pourrait vivre sans se proposer une vie démesurée ! Finalement, je suis un écrivain. Et il faut bien que je te parle de cette part de moi qui t’appartient maintenant comme tout le reste.
Il aurait mieux valu te le dire de façon plus détaillée. Mais nous en
parlerons. D’ici là je t’en prie envoie-moi encore tes lettres. Je n’en peux plus d’attendre ce 10 septembre. J’étouffe, la bouche ouverte, comme un poisson hors de l’eau. J’attends que vienne la vague, l’odeur de nuit et de sel de tes cheveux. Si du moins, je puis te lire, t’imaginer… M’aimes-tu encore, m’attends-tu toujours ? Encore quinze jours. Quel visage tourneras tu vers moi. Moi, il me semble que je rirai sans pouvoir m’arrêter, tant je déborderai.
Écris, écris, je t’attends, je t’aime, je t’embrasse.
A. »
Tu as extrait un passage essentiel, Maria. Ce fragment de lettre n'est pas seulement une confidence d'écrivain. C'est une respiration entre deux mondes, celui de la création, et celui de la vie. Camus parle ici comme un funambule sur le fil du temps, conscient que chaque œuvre est une tentative de dire l'indicible.
Et puis, il y a cette idée d'un " nouveau cycle , plus libre, moins contrôlé. " Comme si - après l'effort de la cohérence - venait le temps de l'élan. Mais, en lisant ce passage, j'ai aussi pensé à Meursault. À ce personnage que tant de lecteurs ont mal compris. On l'a dit " indifferent, froid, étranger au monde. Mais n'est-ce pas plutôt un homme qui - malgré tout - refuse de mentir, tout simplement ?
Dans cette lettre, Camus
nous dit qu'il veut aller plus loin, et qu'il veut écrire autrement, et vivre autrement. Je crois que c'est cela, le vrai courage -
continuer à créer, même quand le monde vacille.
Alors, t'as bien fait de choisir ce passage. Il nous parle de la lenteur nécessaire, du temps qu'il faut pour que les choses mûrissent, et de la beauté de recommencement.
Comme Maria pour Camus, tu m'aides sans le savoir. Nous sommes tous, à un moment ou un autre, au seuil d'un " nouveau cycle ". Parce que nous savons, au fond, que nous n'aurons pas deux vies. Mais que celle-ci peut suffire, si nous la vivons pleinement.
Alors, continuons. Avec Camus dans la poche, et l'amitié en bandoulière.
Merci, Maria.
Bonjour !C’est un malheur que Camus soit mort si jeune : nous ne saurons jamais vers quel bonheur accompli il aurait encore pu tendre. Il ne concevait pas ses livres comme des œuvres isolées, mais comme un ensemble où le roman, l’essai et le théâtre — L’Étranger, Le Mythe de Sisyphe, Caligula — se répondent. Les lettres à Maria sont, à mes yeux, essentielles pour comprendre l’homme autant que l’écrivain. Dans un monde absurde, elle trouvait un sens dans le théâtre, lui dans l’écriture. Tous deux vivaient intensément le présent et projetaient l’avenir sans garantie de réussite. Leur vie fut faite de renouveau, de liberté concrète, jamais de résignation. Leur existence n’a pas été marquée par la résignation, mais par l’adaptation, le renouveau et l’intensité. Ils étaient libres, convaincus que la liberté est quelque chose de concret, non une idée abstraite. Meursault l’a bien compris lorsqu’on lui a interdit de fumer en prison. La révolte de Maria et d’Albert est plus ample que celle de Meursault, qui demeure silencieuse. Ils ont davantage osé défier les conventions sociales, conscients que l’essentiel était de ne pas se mentir à eux‑mêmes. Meursault, lui, reste en deçà de la figure encore inachevée de L’Homme Révolté.
Merci.
Camus est mort jeune, oui, malheureusement...Mais tu montres qu'il n'est pas mort pour rien. La mort, chez Camus, n'est jamais une fin. Elle est un point fixe autour duquel tourne la pensée. Et tu sembles l'avoir compris non comme une fatalité, mais comme une donnée brute, à partir de laquelle il faut construire. Ce que tu fais, c'est penser à partir de l'irreversible. Tu ne nies pas la perte, mais tu refuses qu'elle devienne clôture. Et tu le fais sans céder à la tentation du mythe, ni à celle du nihilisme. Ce que j'admire le plus, ce n'est pas seulement ta manière de penser, mais ta manière d'aimer. Et je crois que c'est ce que Camus aurait compris -que l'amour, dans un monde sans Dieu, sans absolu, sans lendemain garanti - est ce qu'il y a de plus fort.
Et tu as tout à fait raison, Maria, Camus ne voyait pas ses œuvres comme des blocs séparés, mais comme les facettes d'une même réflexion. L'Étranger, Le Mythe, et Caligula - c'est un peu comme un triptyque où chaque pièce éclaire les autres. Dans L'Étranger, c'est l'absurde vécu de l'intérieur. Le Mythe, c'est la théorie derrière cette attitude. Camus y pose la question - si la vie est absurde, faut-il pour autant renoncer ? Et il répond non. Il faut imaginer Sisyphe heureux. Et Caligula - c'est un peu l'envers du décor. Caligula, lui aussi, comprend que le monde est absurde, mais au lieu de l'accepter, il veut le dominer, imposer une logique délirante. Il pousse l'absurde jusqu'à la folie destructrice. C'est comme un avertissement - nier l'absurde ou vouloir le maîtriser mène au chaos. Donc oui, t'as bien dit - Camus tisse un seul et même fil à travers ces formes différentes. C'est une pensée en mouvement, entre la fiction, la philosophie , et le théâtre.
Maintenant, il me revient en mémoire l'épisode où l'aumônier vient en prison proposer à Meursault une réconciliation avec Dieu. Et Meursault dit " Je n'ai pas le temps de m'intéresser à ce qui ne m'intéresse pas. "
C'est un exemple fort de ce que Camus appelle la " fidélité à soi-même ", face à l'absurde. Et c'est là qu'il est radical - il ne condamne pas la foi, mais il refuse qu'elle soit imposée comme une échappatoire obligatoire.
Merci également, Maria.


possible, une réponse parfaitement adaptée à sa situation, même si, au fond, il n'avait rien fait. Comme quoi, parfois, la vérité n'a même pas besoin d'être vraie pour être juste :))