Avec Mila, un autre monde est possible !

Le coin des fruits et légumes

Imaginez un petit supermarché à taille humaine (360 m² de surface de vente) où ce n’est pas le profit qui est l’objectif mais l’inclusivité, la transparence, la mise en valeur du commerce de proximité et l’égalité des citoyen·nes. Et cette égalité, justement va jusqu’à fusionner, pour chaque personne, les statuts de propriétaire du magasin, client et employé ! Inspiré par les coopératives new-yorkaises qui s’étaient développées dans les années 1970 (et dont Park Slope Food Coop est l’archétype toujours en activité), Mila propose depuis le mois d’octobre 2025 un supermarché sous forme de coopérative. « Mila » est l’abréviation de « Mitmach’Laden », un magasin où l’on participe.

Pour être membre de cette coopérative, il faut acheter au moins une part pour 180 EUR (20 EUR pour les personnes en situation de précarité) mais cette somme est rendue lorsqu’on quitte la coopérative. Toute personne membre dispose d’une voix pour toutes les décisions soumises au vote, que cette personne ait acheté 500 parts ou une seule. Et les obligations sont les même pour toustes : travailler 2h45 toutes les quatre semaines. Il est possible d’indiquer en ligne ses vacances ou déplacements hors de Vienne pour que cette durée soit rallongée d’autant. Bien sûr, chaque membre peut proposer des produits qui ne sont pas encore disponibles dans le magasin.

Ayant la chance d’habiter à 400 m de ce supermarché unique en Autriche, j’en suis bien sûr membre et ainsi, lors de ma première séance de travail, j’ai eu à réapprovisionner les rayons, vérifier les dates de péremption des marchandises, tenir une des trois caisses ou encore passer l’aspirateur en fin d’après-midi. À chaque créneau horaire, on trouve entre 4 et 12 membres et les moments de calme permettent de créer des liens entre les membres. En fin de créneau, la plupart en profitent pour faire des courses, tant les prix sont attractifs. La transparence est totale : le supermarché prend 30% sur les prix à la livraison par les producteurs. On trouvait cette semaine de pommes de terre bio à 1,24 EUR le kilo, des pâtes à 79 centimes les 500 g et beaucoup d’autres produits moins chers qu’en grande surface. Ceci s’explique par le fait qu’il n’y a que 5 employés salariés à 25h/semaine – l’un d’entre eux est toujours présent lors des différents créneaux pour aider et guider les membres – et une personne est employée pour la comptabilité.

Autre point intéressant : chaque membre peut déclarer une personne comme « partenaire d’achat ». Cette personne a le droit d’acheter sans avoir à travailler ! Ainsi, dans une colocation ou un foyer familial, la personne qui travaille à la coopérative (2h45 toutes les quatre semaines, ça va !) n’est pas forcément celle qui fait les courses.

Et non, ce n’est pas un truc de bobos ! Lorsque je me rends à Mila, je vois vraiment des clients de tous les milieux, sociaux, ethniques ou religieux. Les prospectus pour faire connaître Mila sont d’ailleurs disponibles en six langues (vous imaginez cette ouverture d’esprit en France ?) :

Et que se passe-t-il si la coopérative fait des bénéfices ? Et bien c’est le taux de 30% qui est diminué. Ainsi, à La Louve, l’unique supermarché parisien fonctionnant en coopérative qui a servi de modèle pour Mila, ce taux a été baissé peu à peu pour arriver actuellement à 23 %. D’ailleurs, les cinq coopératives qui fonctionnent sur ce modèle ont passé un accord : toute personne membre de La Louve ou de Mila peut aussi acheter dans les autres magasins, comme la SuperCoop à Berlin, le SuperQuinquin à Lille, la BeesCoop à Bruxelles ou encore le Foodhub à Munich.

Dernier point et non des moindres, l’offre végane est très conséquente à Mila ! Bref, un autre monde est possible et à Mila c’est déjà demain !

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Published on November 15, 2025 06:41
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Jérôme Segal
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