Maria C ’s Reviews > L'Étranger > Status Update
Maria C
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[..] Il avait l’intention d’installer un bureau à Paris et il voulait savoir si j’étais disposé à y aller. Il m’a demandé alors si je n’étais pas intéressé par un changement de vie. J’ai répondu qu’on ne changeait jamais de vie, [...] Quand j’étais étudiant, j’avais beaucoup d’ambitions de ce genre. Mais quand j’ai dû abandonner mes études, j’ai très vite compris que tout cela était sans importance réelle .
— Dec 11, 2025 02:46AM
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Maria ’s Previous Updates
Maria C
is on page 73 of 184
« Messieurs les Jurés, le lendemain de la mort de sa mère, cet homme prenait des bains, commençait une liaison irrégulière, et allait rire devant un film comique. Je n’ai rien de plus à vous dire. »
« Mais mon avocat, à bout de patience, s’est écrié : “Enfin, est‑il accusé d’avoir enterré sa mère ou d’avoir tué un homme ?” Le public a ri. »
— Dec 14, 2025 07:28AM
« Mais mon avocat, à bout de patience, s’est écrié : “Enfin, est‑il accusé d’avoir enterré sa mère ou d’avoir tué un homme ?” Le public a ri. »
Maria C
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« De ce jour-là, j’ai senti que j’étais chez moi dans ma cellule et que ma vie s’y arrêtait. Le jour de mon arrestation, on m’a d’abord enfermé dans une chambre où il y avait déjà plusieurs détenus, la plupart des Arabes. Ils ont ri en me voyant. Puis ils m’ont demandé ce que j’avais fait. J’ai dit que j’avais tué un Arabe et ils sont restés silencieux. »
[ NP : du rire au silence, la tension coloniale. ]
— Dec 12, 2025 11:32AM
[ NP : du rire au silence, la tension coloniale. ]
Maria C
is on page 4 of 184
« Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte.
Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et
tout aura revêtu une allure plus officielle. »
— Dec 09, 2025 04:15AM
Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et
tout aura revêtu une allure plus officielle. »
Maria C
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« Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte.
Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et
tout aura revêtu une allure plus officielle. »
— Dec 09, 2025 04:15AM
Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et
tout aura revêtu une allure plus officielle. »
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Celeste
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Dec 11, 2025 02:54AM
«On ne change jamais de vie, qu’en tout cas toutes se valaient.»
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" On ne changeait jamais de vie "...Plus j'y pense, plus je me dis que cette phrase n'est pas une résignation, mais par contre, une lucidité. C'est ça le plus bouleversant - cette idée que la vie ne se change pas, mais qu'elle peut s'assumer.
Merci, Théo !Cette relecture s’avère plus difficile que je ne l’imaginais. Je suis revenu au point de départ. En refusant un emploi à Paris, il dit non, mais ce refus n’équivaut pas à une renonciation. Au fond, qu’est-ce qu’un homme révolté chez Camus ? N’est-ce pas un homme qui se définit autant par ce qu’il accepte que par ce qu’il rejette ?
Alors, ça c'est une remarque vraiment pertinente, Maria ! Exactement, l'homme révolte chez Camus n'est pas un nihiliste. Non. Ce qui rend l'homme révolte si fascinant chez Camus, c'est qu'il ne cherche pas à renverser le monde pour le remplacer par un autre. Il ne rêve pas d'un paradis futur, mais il refuse simplement l'enfer présent. Camus écrit que " je me révolte, donc nous sommes ". La révolte est un lien. Elle ne nous arrache à la solitude de l'absurde pour nous jeter dans une fraternité fragile,
mais réele. L'homme révolté - dit il - est celui qui dit " non " , mais ce non implique un " oui " implicite à une valeur qu'il juge violée. Comment refuser l'inacceptable sans sombrer dans le fanatisme ? Camus répond - par la mesure. Par une éthique du refus qui ne renonce jamais à la fraternité.
Et si au fond, cette tension entre révolte et fidélité - n'était-elle pas déjà là, à nu, dans ses lettres à Maria ? Si l'on y regarde de plus près, ces lettres sont peut-être la forme la plus intime de sa révolte. Mais une révolte douce, contre l'érosion du temps, contre l'éloignement....
Merci, Théo. Tu lis Camus depuis longtemps et tu le comprends vraiment bien. Moi, ça me surprend toujours de voir que certains lisent L’Étranger et pensent en avoir tout compris d’un seul coup. Maintenant je vois que, là où certains croient trouver du simplisme chez Camus, il y a en réalité une révolte qui n’a rien de simpliste, mais qui est la plus difficile de toutes : une révolution lucide, éthique et fraternelle. Peut-être que ma difficulté vient du fait que je suis originaire d’un pays que d’autres, ici ou ailleurs, réduisent trop vite à l’étiquette de pays du Sud ou de pays en développement. Et c’est justement cette réduction qui me frustre profondément. Ma propre révolte est tout sauf douce. J’espère ne pas abandonner, car c’est dans cette révolte que je puise ma dignité .
Alors, Maria, déjà ici on est entrés dans une toute autre sphère de réflexion, et tu dois savoir que je suis totalement avec toi dans ta frustration. Tu as raison, beaucoup pensent comprendre Camus, sans avoir la moindre idée de ce qu'il essaie réellement de transmettre. C'est facile de le réduire à Sisyphe et son rocher. Mais ce qu'il faut comprendre c'est que Camus ne peut être véritablement saisi qu'a travers la connaissance de l'ensemble de son œuvre, qui - paradoxalement ou non - révèle toute son idéologie, par un fil conducteur subtil.
Et oui, il y a des phrases qui, sous leur air anodin, transpirent la condescendance. Dire que " le Portugal est un pays du Sud en développement, c'est exactement cela - une manière polie de réduire. C'est l'ignorance qui parle, déguisée en géopolitique de comptoir.
Les idiots ont toujours existé et existeront toujours. Réduire le Portugal à une étiquette économique, c'est paresseux, et c'est insultant. Ont-ils compris que ce pays a été, pendant des siècles, une porte ouverte sur le monde, un carrefour d'horizons, un people de navigateurs, de poètes ? C'est honteux, d'autant plus que cette opinion honteuse vient de certains habitants de ce même pays...
Alors, réleve la tête, tu viens d'un pays qui a vu plus loin que ses frontières, qui chante même dans la mélancolie.
Et ça - aucun cliché ne pourra jamais l'effacer.
Bonjour, Théo !Beaucoup oublient que la Première République précipita le Portugal dans une dictature de cinquante ans, et que la guerre coloniale en Afrique engloutit, pendant plus d’une décennie, un tiers du budget national. Et pourtant, contre vents et marées, nous demeurons debout depuis neuf siècles, fidèles aux mêmes frontières, gardiens d’une histoire jamais reniée.
Merci.
Tout à fait, Maria. Le Portugal n'est pas un appendice méridional d'un récit écrit ailleurs - c'est une nation qui a traversé l'Empire, la censure, l'exil. Que reste-t-il d'un pays lorsqu'on efface ses luttes,
ses sacrifices ? Réduire le Portugal à une étiquette commode, " pays du Sud " - c'est ignorer que ce Sud fut aussi empire, que ce " développement " fut freiné par ce censure, et que ce peuple a su reconquérir sa liberté sans tirer un seul coup de feu le 25 avril. Il y a des pays dont la dignité
ne se mesure ni au PIB, ni aux bulletins d'analyse géopolitique, mais à la manière dont ils ont su, malgre tout, rester debout.
Merci, Maria. T'es une véritable Sisyphe sur talons aiguilles.

